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Citation de AuroraeLibri


Louis entra sans frapper et s’installa sans un mot dans un fauteuil proche de l’âtre. Il se servit un verre de vin sans m’en proposer. J’attendais, très inquiète. Plus il buvait et plus il devenait incohérent et agressif, sans chercher à venir me rejoindre sous les draps. Il n’avait jamais souhaité se marier et Penthièvre l’avait obligé à accepter son choix sous peine de le faire embastiller pour dettes. Louis hurlait qu’il n’aimait personne, ni son père, ni sa sœur Marie-Adélaïde, et qu’il ne comptait pas m’aimer moi non plus. J’ai tenté en vain de l’apprivoiser par des mots aimables, avant d’abandonner, épuisée. Je voulais dormir, avec ou sans lui, peu m’importait, et oublier la violence de ses propos dans la tiédeur du lit.
Soudain, il m’a demandé de me lever et de venir à lui. J’ai obéi. Puis il m’a donné l’ordre d’enlever ma chemise de nuit. Terrifiée, mais désireuse de le calmer, je me suis dévêtue en laissant tomber le vêtement à ses pieds. Il s’est alors dirigé vers moi et a arraché le cordon qui fermait les rideaux. Puis il a pris mes mains pour me les lier. J’avais peur, je frissonnais, honteuse de mon corps dénudé qu’il n’avait même pas regardé. D’une voix lente, il s’est alors mis à me chuchoter à l’oreille :
– Je déteste les vierges. Les dépuceler me dégoûte, la vue du sang m’est insupportable. J’aime les femmes expertes de leurs mains et de leur corps. Les vôtres sont laides, et je doute que vous sachiez me combler, madame ! Mais vous et moi devons satisfaire mon père. Vous serez une femme demain, soyez-en sûre, mais c’est mon valet qui se chargera de vous honorer.
J’ai poussé un cri d’horreur.
– Je vous déconseille de hurler, ou il me faudra vous bâillonner. Et si vous vous débattez, je vous attacherai au montant du lit. Rien ne m’arrêtera. Un valet sera chaque nuit votre époux, jusqu’à ce que vous soyez grosse !
Il éclata d’un rire affreux, avant d’ajouter :
– Mon père ne trouvera rien à redire lorsque je lui annoncerai une descendance. Certes illégitime, mais ne sommes-nous pas nous-mêmes des bâtards de Louis XIV ? Que pensez-vous, madame, de votre époux ? Charmant le jour mais démoniaque la nuit…
Son rire ignoble envahit à nouveau la pièce, tandis que je demeurais muette et terrifiée. Il m’a forcée à boire du vin, m’a bandé les yeux pour que je ne puisse pas dénoncer l’heureux élu. Une porte s’est ouverte, j’ai distingué des pas s’approcher. J’étais nue devant deux hommes. J’ai entendu Louis dire : « Elle est à toi, mais le plaisir sera pour moi ! » Les deux hommes m’ont arrachée du sol pour me porter sur le lit. Le valet m’a violée plusieurs fois. Lorsque je me débattais, sous l’emprise de la douleur et du dégoût, Louis nous rejoignait sur le lit pour me maintenir dans la position qu’il décidait. La nuit fut interminable et mon esprit, perdu par la souffrance, appelait la mort à mon secours.
À l’aube, mon nouvel époux m’a annoncé qu’il partait chasser et qu’il me verrait plus tard. Il espérait que j’étais satisfaite de ma nuit de noces « à la française », pour lui une expérience fort divertissante qu’il se promettait de renouveler. « Reposez-vous, Madame, car Paris et de nouveaux plaisirs vous attendent, à moins que vous ne parveniez à vous enfuir pour retrouver vos chers parents et un couvent pour avenir ! » Il disait vrai. Je ne voulais qu’une chose, me réfugier auprès des miens, affronter Doria et lui dire toute ma colère de m’avoir bercée de rêves fous. Prévenir mes sœurs, les empêcher de subir pareille violence. Fuir, fuir… Retourner chez moi !

Chapitre 2
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