Citation de AuroraeLibri
Après les cris assourdissants de l’homme face à la mort, le silence s’est installé. Les mammifères de la Ménagerie, les oiseaux de la volière, d’habitude si bavards, se sont tus. Les animaux ont-ils un sens particulier pour comprendre qu’un meurtre vient d’être commis et qu’une minute de silence s’impose ? Martin était un soigneur aimé. Son malheur ne peut qu’apporter méfaits et troubles dans un avenir proche. Les bêtes savent que l’homme récompense pour être obéi et qu’il punit pour dominer.
Un gémissement rauque vient soudain transpercer ce répit silencieux. Un bruit inconnu. Martin pensait que le rhinocéros ne barrissait pas comme un éléphant, ne rugissait pas comme un lion, ne gémissait pas comme un lynx. Un herbivore muet et laid, selon les critères des savants dirigés par M. de Buffon. Ils se sont trompés. Une fois sa peur de l’homme maîtrisée, l’animal crie son regret d’avoir tué son protecteur ; le père de l’unique personne qui vient lui parler et le toucher. Il a commis un crime et semble en être conscient.
Claire entend enfin ce son discordant, abandonne sa tâche et se rend en courant vers l’enclos du rhinocéros. Devant la brouette renversée, elle n’hésite pas, se précipite, et découvre la bête bavant, frappant le sol de ses pattes antérieures et, à quelques mètres d’elle, son père, inanimé, la tête dans la mare. Elle s’écroule à terre pour tenter de le tirer, inerte, hors de l’eau et, devant son visage écrasé, comprend. Le meilleur des pères n’est plus qu’un tas de chair ensanglantée.
Manon s’est précipitée vers sa fille et s’est jetée dans ses bras, tandis que Laimant et un jardinier ont sorti le cadavre et l’ont porté à l’abri de son tueur. Ils ont pris soin de verrouiller la grille de l’enclos en jurant de revenir pour l’exécuter.
La jeunesse de Claire se termine à cet instant, une jeunesse insouciante dans le cadre idyllique du parc du château de Versailles.
Chapitre 1
Un gémissement rauque vient soudain transpercer ce répit silencieux. Un bruit inconnu. Martin pensait que le rhinocéros ne barrissait pas comme un éléphant, ne rugissait pas comme un lion, ne gémissait pas comme un lynx. Un herbivore muet et laid, selon les critères des savants dirigés par M. de Buffon. Ils se sont trompés. Une fois sa peur de l’homme maîtrisée, l’animal crie son regret d’avoir tué son protecteur ; le père de l’unique personne qui vient lui parler et le toucher. Il a commis un crime et semble en être conscient.
Claire entend enfin ce son discordant, abandonne sa tâche et se rend en courant vers l’enclos du rhinocéros. Devant la brouette renversée, elle n’hésite pas, se précipite, et découvre la bête bavant, frappant le sol de ses pattes antérieures et, à quelques mètres d’elle, son père, inanimé, la tête dans la mare. Elle s’écroule à terre pour tenter de le tirer, inerte, hors de l’eau et, devant son visage écrasé, comprend. Le meilleur des pères n’est plus qu’un tas de chair ensanglantée.
Manon s’est précipitée vers sa fille et s’est jetée dans ses bras, tandis que Laimant et un jardinier ont sorti le cadavre et l’ont porté à l’abri de son tueur. Ils ont pris soin de verrouiller la grille de l’enclos en jurant de revenir pour l’exécuter.
La jeunesse de Claire se termine à cet instant, une jeunesse insouciante dans le cadre idyllique du parc du château de Versailles.
Chapitre 1