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Citation de latina


latina
12 septembre 2012
Nous pénétrâmes dans le Colisée, gigantesque abattoir désaffecté où régnait, dans le chaos des pierres surchauffées, une odeur de mort. Mes Suisses n'en étaient guère incommodés et sautillaient de marche en marche, penchés tout à coup sur le vide et se tendant la main pour franchir les passes difficiles; peu s'en fallut qu'ils ne s'encordassent. Comme pour compléter l'illusion d'une excursion alpestre, presque tous brandissaient des appareils photographiques. Cela me dispensait de parler, et eux de regarder. L'endroit était suffisamment historique par lui-même.
L'édifiant petit discours que j'improvisai sur "le sang des martyrs" n'eut pas le moindre succès. Seule la vieille dame s'agenouilla un instant au pied de la croix. On la photographia de toutes parts. Le déclic des kodaks et de petits éclats de rire tintèrent comme des cris d'oiseaux dans le silence pétrifié où cliquetaient autrefois les armes des gladiateurs.
(...)
L'heure passait. Nous n'étions pas là pour flâner.
- Vite, dis-je à Paolino, au Vatican !
(...)
Nous finîmes par aboutir dans une sorte de catacombe enfumée, nue comme une grange inutilement vaste, et si étroitement enfoncée entre les bâtiments voisins que le jour y tombait de trop haut, avare et faux comme dans certaines usines où, faute de fenêtres, on s'est résigné à surélever un peu les murs pour assurer du moins l'aération par quelques lanterneaux percés dans leur sommet.
Pauvre Michel-Ange ! A quel indigne et surhumain travail on l'avait astreint ! On avait trop compté sur son génie, c'était évident, en le chargeant de suppléer par la seule peinture à l'architecture dont manque totalement la Sixtine.
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