À la fin de l'automne, les pluies torrentielles s'abattent sur le camp. Contre la toile de tente, les gouttes cognent encore et encore dans un fracas formidable. La première nuit d'averse, Hamid ne fait aucune différence entre les sons, et les rafales sans cesse répétées de la pluie l'inquiètent.
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Le lendemain, il commence à distinguer les différents bruits de la pluie. Sur les tôles et les toiles différemment empilées, c'est toute une symphonie de gouttes qui s'abat, résonne, se double en croches, s'alourdit en roulement. Au bout de longues nuits d'écoute, il apprend à les reconnaître et il peut visualiser la manière dont elles s'écrasent au-dessus de lui. Presque machinalement, le petit garçon sort ses mains de sous la couverture et de ses gestes invisibles, dans le noir, il s'improvise le chef d'orchestre de l'orage.