Alice Zeniter

Ce qui était possible au village ne l’est plus ici. Ici, il y a le chômage. Il y a les meubles que l’on jette sont les réparer parce qu’ils ne sont pas fait pour durer. Il y a la télévision. Celui qui ne fait rien la regarde. C’est comme ça, en France. Mais comment rester chef de famille lorsque l’on regarde la télévision aux côtés de ses enfants et de sa femme ? Quelle différence y a-t-il entre soi et les enfants ? Soit ilépouse ? La télévision et le canapé efface les hiérarchie, les structures de la famille pour les remplacer par un avachissement similaire chez chacun.
Au village, Ali avait « gagné »le droit de ne pas travailler. S’il ne touchait pas la terre, c’est qu’il était devenu trop important pour ça, qu’il assumait désormais des fonctions purement représentatives de chef de famille et d’entreprise (ce qui n’était qu’une seule et même chose). Le repos qu’il prenait c’était adossée à une maison dont il avait fait une maison pleine. Ici, il craint l’oisiveté parce qu’elle s’appelle chômage. Elle se racornit dans une maison vide et elle est amère comme les feuilles de laurier-rose.