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Citation de Cielvariable


Tiên hoche la tête. Voilà des mois qu’elle l’entend répéter la même phrase. En prenant le bol, elle sourit à son mari. Lui ne sourit pas plus qu’il ne mange. Pas plus qu’il ne dort. Pas plus qu’il ne parvient à accepter ce qui est arrivé, ce désastre qu’il rumine comme la plus inadmissible des injustices, lui qui, comme commandant de la marine nationale vietnamienne, a consacré onze ans à mener ses soldats à la guerre. Onze ans, quand on en a trente-cinq, autant dire toute sa jeunesse… Et dire que lui et ses hommes n’ont jamais perdu une bataille. Et qu’ils étaient prêts à continuer. Ils voulaient s’acharner. Et triompher. Jamais ils n’auraient abandonné le Viêt Nam du Sud aux mains des Viêt-cong communistes du Nord. Pourquoi diable les Américains, avec tous leurs moyens technologiques, l’ont-ils fait? Toutes les nuits, étalé sur la natte aux côtés de sa femme qui l’observe du coin de l’œil, dans la hutte qui leur est réservée, Kim ressasse les événements des derniers mois qui ont conduit à l’improbable et inexplicable abdication américaine. Il rumine sa révolte, son impuissance, sa rancœur. Son dégoût. Il ne retrouvera pas l’appétit ni le sommeil, encore moins le sourire, avant longtemps. Jamais peut-être. Tiên le sait mais, entortillée dans la toile acérée de sa propre inquiétude, elle ne voit pas encore comment l’aider. Ce ne sera pas possible de toute façon tant qu’ils n’auront pas quitté la région.
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