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Citation de mimo26


mimo26
26 septembre 2018
Le jour de sa remise en liberté – le 9 juin 2005 –, je ne m’intéressai pas vraiment à son sort. À dire vrai, je n’avais d’ailleurs guère songé à cette Italienne kidnappée depuis que j’étais arrivée en ville. Désireuse d’explorer Kaboul par moi-même, j’avais pris ce jour-là un taxi qui m’avait conduite sur un marché en centre-ville, un marché tentaculaire qui s’étendait dans toutes les directions, couvrait les berges du fleuve et se répandait dans un labyrinthe de ruelles tortueuses. J’y achetai une coupelle plastique remplie de grains de raisin et d’abricots baignant dans un nectar de miel et de pistaches, que je dégustai avec une cuillère. Je déambulai entre les petites échoppes. Dans l’une d’elles, je vis une étagère remplie de savons dont les emballages, qui affichaient l’image d’un visage féminin souriant,
avaient été barbouillés au marqueur noir. C’était là l’expression du fondamentalisme islamiste, quelque chose que les talibans avaient autrefois appliqué avec sévérité : toute créature engendrée par Allah ne devait pas voir son image reproduite par la main de l’homme, car cela pouvait être interprété comme une aspiration à vouloir jouer le rôle de Dieu. Amanuddin m’avait indiqué qu’il était possible de peindre ou de photographier une voiture ou un bâtiment, mais qu’il était interdit de reproduire la silhouette ou le visage d’une personne ou d’un animal. L’idolâtrie était une faute. C’était pour cette raison que les talibans avaient dynamité quelques années plus tôt les deux statues géantes de Bouddha dans la ville de Bamiyan, ce qui avait entraîné une réprobation internationale.
J’envisageai pendant quelques instants d’acheter un de ces savons en guise de souvenir, mais le simple fait de voir le visage rayé du mannequin arabe sur l’emballage suffisait à me faire peur.
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