Amandine Deslandes

Simone Veil s’est éteinte en paix à quelques jours de son 90 anniversaire. Son fils a confié son dernier mot : « Merci. » Sa dignité et son humilité sans limites se sont une nouvelle fois illustrées avec ce simple mot de fin. Et si c’était à nous de la remercier ? De ce qu’elle a incarné pour la France. De ce qu’elle laisse en héritage. Du message d’espoir qu’elle a porté sans relâche. Si à l’impossible, nul n’est tenu, elle n’a eu de cesse de s’y astreindre. Jour après jour. Année après année.
À qui regarde avec attention une photographie de l’immortelle, un monde de paradoxes s’ouvre. Simone Veil a le regard doux et ferme à la fois. Ses yeux d’un bleu profond, très peu maquillés, apaiseraient toute âme agitée. Ils inciteraient aussi quiconque à ne pas la défier. Elle a le regard assuré de celle qui sait ce qu’elle désire. Ses petites boucles brunes, elle les discipline, à l’instar de son tempérament. Si le mot énigma- tique ne lui sied point, son sourire semble dissimuler sa pensée profonde. Elle sourit. Souvent. Avec grâce. L’observateur averti y décèlera pourtant une forme de mélancolie ; de celle qu’une vie comme la sienne vous impose.