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Citation de Charybde2


David connaissait bien le déclin. À la mort de son père, le sous-sol de la maison en avait été la victime tacite. Son père avait pris l’habitude d’y descendre même quand il avait eu du mal à marcher, s’accrochant à la rampe et s’arrêtant à chaque marche pour souffler, examinant les imperfections sur le mur. Quand il réémergeait, il disait parfois « Sous nos pieds et hors de nos têtes », mais finissait toujours par y retourner. Pendant ses derniers jours, David entendait son père au sous-sol presque tous les soirs. On aurait dit qu’il fouillait des cartons et qu’il enfonçait des clous dans des planches.
Après sa mort, le sous-sol s’était vu submergé par le laisser-aller. Cet endroit composé d’une chambre d’amis, d’une salle de bains, d’un salon, d’un atelier, et d’une remise sur dalle de béton, s’était transformé en une seule et même entité dévastée. De la poussière s’échappait des aérations encombrées, se déposant en fine couche sur les outils de l’atelier. La chambre d’amis débordait de pourritures. Dans la salle de bains, l’eau des toilettes s’était évaporée en laissant une ligne minérale dessinée sur la céramique. Un oiseau avait construit son nid dans la fenêtre fissurée du sous-sol et des brindilles étaient éparpillées au sol. Sans autre source d’air, la moisissure avait envahi les murs humides. Les tuyaux abritaient tout un écosystème de rouille. Une unique pousse verte émergeait de la bonde du lavabo de la salle de bains. Les murs semblaient recouverts d’un duvet. Les cartons étaient ramollis par l’humidité. Dans la chambre d’amis, un tas de feuilles ressemblait à une bauge d’écureuil. Le placard de la chambre renfermait des manteaux rendus légers par le travail des mites. Sur une étagère de la remise, l’une des conserves de pêches avait éclaté et laissé couler son contenu le long du mur, attirant des fourmis, qui avaient alors attiré des lézards, qui avaient attiré un chat, entré là en déchirant l’une des moustiquaires et laissant derrière lui les queues tortillantes de ses proies. Le chat avait quitté les lieux avant que David ne découvre les dégâts, laissant malgré tout l’odeur chargée d’ammoniaque de son urine sur une pile de livres de cuisine dans un coin de la remise. David les recouvrit avec d’autres livres de cuisine, qu’il avait descendus de la cuisine parce qu’il ne voulait plus les voir. Une inondation suite à l’explosion d’un chauffe-eau avait finalement permis d’unifier le tout en une couche solide et pourrissante.
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