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Citation de MegGomar


Soudain, il leva la tête, me fixa, triomphant, et dit, avec une gaieté
inattendue :
--- Adri, je me suis coupé les cheveux, mais ça fait longtemps que
personne n'a coupé les tiens... Heureusement, parce que je les aime,
surtout quand ils sont décoiffés. Comme ça, on voit ce que tu es, toi
et moi nous sommes les seuls à le savoir... Des créatures de la forêt,
qui peuvent se cacher derrière une feuille... Tu es une vraie sauvage,
oui, une vraie sauvage ! Comme moi !... Et je t'aime.
Il dit ces deux derniers mots de sa voix rauque, après une pause, tout
bas. Avec une infinie douceur.
Ce fut la première déclaration d'amour que je reçus. Et la plus
sincère, je pense. Même prononcée et accueillie au milieu de
prosaïques carottes, elle me révéla qu'un cœur pouvait s'arrêter sans
pour autant abandonner la vie et, bien au contraire, se fondre en elle.
En quelques secondes, la vie ouvrait grand ses fenêtres, bondissait
sur les terrasses, sur les toits avant de prendre son essor, de s'envoler
comme la ballerine ou son fils qui, le printemps venu, m'enseignerait
à moi aussi les secrets de l'envol.
J'étais tellement persuadée d'y arriver que franchir cet obstacle
mystérieux qui me séparait du monde des Géants représentait pour
moi une étape incontournable de ma " guérison " et de mes désirs. A
ce moment précis, j'écrasai deux gousses d'ail et un grain de poivre
dans le mortier, et je dois avouer que le souvenir de cette
éblouissante déclaration, de cette lumineuse révélation,
s'accompagna toujours d'une odeur d'ail écrasé avec un grain de
poivre.
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