Il faut bien que Monsieur Emmanuel Bove ait des qualités de romancier, pour qu'on admire parfois, qu'on tolère ses ouvrages qui ont exactement tout pour déplaire.
D'abord M.Bove écrit horriblement le français. Avec une maladresse qui sent l'application, avec une gaucherie scolaire qui pourrait mettre en doute sa vocation même.
Les oiseaux, rivaux des nuages
Passent moins promptement
Que ne change, lorsque tu mens,
Aminte, ton visage.
Il ne te faut des souvenirs
Insistants qui désolent.
Mais le vent aime tes paroles
Et sait où les cueillir.
Et lorsque tes lèvres frémissent,
T'écoute en souriant
Cette immuable nuit, nourrice
Des astres scintillants.
Pour ce qu'un jour plus immobile
Que le sol tu seras,
Et solitaire sous la ville
Où clairs chantent tes pas !
Si j'ai prié le sort d'accorder la vieillesse
A ce corps fait de terre et soumis à sa loi,
Ce n'est point espérant qu'à la fin me délaissent
Les plaisirs qui du sol s'élèvent à ma voix.
Non, j'ai déjà quitté des yeux votre domaine
Et ma chair semble prête à l'immobilité.
Mais aujourd'hui mes mains garderaient souterraines
L'empreinte et le parfum de vos membres domptés.
L'ombre coule assez tôt des obscures collines
Pour que nous regrettions un destin mal rempli,
Mais qui la voit tomber sagement s'achemine
Aux sentiers indulgents du calme et de l'oubli
Que d'entre ses vergers la terre ne m'exile
Sans porter aucun fruit et maudissant la faux.
Mais, contemplant le sol autour de moi stérile,
Que j 'y trouve une couche à mon vaste repos ;
De peur que prévenu d'une mort importune,
Et contraint de céder à l'inerte sommeil,
Je ne montre à vos yeux ma haine et ma rancune
De vous laisser vivante et digne du soleil !