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Critiques de Andrea Canobbio (4)
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Traslochi

[Éd. française : _Déménagements_ Seuil, 1995, trad. par Martine Van Geertruyden]





Peut-être, dans le classement de mes lectures, devrais-je inventer l'étiquette « livres de circonstance ». Ce petit roman abandonné il y a de nombreuses années par un ami italien qui l'avait terminé en étant mon hôte, répond à une double circonstance : son titre représente l'activité qui a principalement et péniblement occupé mes deux derniers mois environ, de sorte que, en étant à peine sorti de mon déménagement, j'ai cherché dans sa lecture des éléments de consolation pour verbaliser mon long calvaire (!) ; c'est justement grâce à son empilement et désempilement dans un carton qu'il a refait surface des profondeurs pour occuper une place éminente donc déterminante dans ma p-à-l...

Autre chose qui a refait surface des profondeurs, c'est mon souvenir d'un roman italien génialissime : _Si par une nuit d'hiver un voyageur_ du grand Italo Calvino, dont Andrea Canobbio n'a évidemment pas pu ne pas s'inspirer dans la création de ce premier roman sien, qui date de 1992 soit treize ans après « l'hyper-roman » (comme on dit « hypertexte ») calvinien. En effet, _Traslochi_ est un exercice littéraire fondé sur la construction de sept histoires alternatives mais emboîtées ayant les mêmes personnages, histoires interposées par leurs mises en abîme de la part du narrateur, lui-même un personnage en train de voyager, qui ne se prive pas de développer quelques idées de sa poétique, de révéler quelques ficelles de la construction de son récit au moment-même où il affirme les tenter, de placer sans cesse des renvois intratextuels, de suggérer des relations à peine dissimulées de symétrie et d'analogie entre lui-même et son héros, Claudio, traducteur et enseignant. Dans le chef-d’œuvre de Calvino le lecteur était pris à partie en tant que personnage de l'intrigue, et l'auteur l'impliquait en l'interpellant à la deuxième personne du singulier ; ici le Tu interlocuteur c'est le personnage de la compagne du narrateur, mais c'est presque tout comme, tant le lecteur se sent convoqué... Calvino, si ma mémoire est bonne, discutait ouvertement de techniques narratives et de modalités de lecture, Canobbio parle aussi d'écriture, mais d'abord et surtout il file la métaphore de l'appropriation ou non d'un espace d'habitat, du voyage et de l'enracinement, de nostalgie et désir de changement, de problèmes et défauts d'expression et de communication, en littérature ainsi que dans les relations amoureuses. Sans tarder, je précise qu'il y a donc dans _Traslochi_ quatre personnages principaux : le Je narrateur et le Tu interlocuteur muet (la compagne) – sans oublier le très important vieux voisin ami de narrateur et sa femme décédée ; et d'autre part Claudio, le héros qui déménage et Amalia, qui représente l'ensemble des personnages féminins dont il est diversement mais passionnément amoureux, de façon alternative dans la succession des récits, mais aussi concomitante, lorsqu'il y a plusieurs Amalia dans le même récit. Une phrase-fil rouge (reproduite dans ma cit.) précise à la fois la fonction narrative des Amalia et constitue aussi l'un des savants mécanismes de meubles gigognes qui permettent aux histoires de s'emboîter les unes dans les autres.

Ce qui tient le lecteur en haleine, me semble-t-il, c'est une dialectique entre la tentative de créer une certaine cohérence dans le caractère du héros, Claudio, qui se constitue au fil des histoires de son déménagement, alors que celles-ci sont présentées comme interchangeables ; cette dialectique est d'autant plus intrigante entre les différentes Amalia, dont on a envie de chercher des parallèles, analogies, ou similitudes, voire qu'on voudrait bien parvenir à fondre dans un personnage féminin unique. Les personnages secondaires aussi contribuent à ce jeu du chat et de la souris avec le lecteur, dans la mesure où le narrateur explique ou plutôt fait croire que leur apparition ou disparition, variations et rôles narratifs ne répondent qu'à son caprice : il pousse le vice jusqu'à affubler deux concierges différentes du même nom de famille : Impigli [Empêtrements (sic!)]... On se sent introduit dans un faux atelier d'écriture ou dans la vraie pièce pirandellienne : _Six personnages en quête d'auteur_. La chute, naturellement, pose un ultime jeu de miroirs, comme dans la célèbre parabole du philosophe taoïste Tchouang-tseu, où l'incertitude plane sur la question de savoir si Tcheou rêva qu'il était un papillon voltigeant ou bien le papillon rêva qu'il était Tcheou : parabole reprise entre autres par Raymond Queneau dans _Les Fleurs bleues_. Ce détail n'est peut-être pas anecdotique si l'on songe que Calvino, bien qu'Italien, était membre de l'Oulipo, dont Queneau fut une figure tutélaire, et que Canobbio s'avère être aussi traducteur du français...
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Le désordre naturel des choses

" Il naturale disordine delle cose" paru en 2004 chez Einaudi.

Il est le dernier d'une série des Claude;



C'est un roman que j'ai trouvé quelque peu déroutant, que je ne raconterai pas parce que j'estime qu'il ne se raconte pas, qu'il faut le découvrir lentement , se laisser imprégner peu à peu par l'atmosphère, par l’ambiguïté des personnages.



Pou Claudio Fratta, dessiner des jardins signifie projeter un espace où maîtriser la nature, tenter de donner un ordre à la vie et aussi incliner sa propre existence selon une géométrie secrète.

Sachant parfaitement que ce qui émerge du dessin d'un jardin n'est qu'une très banale, brillante preuve de ce qui dort enfoui, il se fie à l'idée d'un monde artificiel où on puisse éventuellement recomposer le désordre des relations humaines.



La tension qui s'insinue dans ce roman provient de l'écriture, du rythme de la description du vide plein du désir de celui qui est toujours un peu à côté des choses, pas entièrement dans le quotidien de la vie et des événements.



Je pense que ce n'est pas un livre qui se laisse oublier.
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Trois années-lumière

j'ai été surprise de voir que l'auteur de ce roman était un homme... comment peut il aussi bien comprendre ce que ressent cette femme? Oh miroir... mon beau miroir... un résumé? non, je ne pourrai pas. juste rendre compte de la délicatesse, de la puissance, de toutes les nuances des sentiments qui parcourent une femme qui se sépare parce que l'amour n'est plus et qui n'en guérit pas... ce livre est pour moi troublant et peut être trop présent à mon existence pour que je puisse en parler... désolée
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Pressentiment

Pressentiment fabrique des microromans et d’excellents personnages, qui entrent dans le scénario catastrophe de l’auteur au sommet de sa crise. Il imagine ainsi que deux Anglais, avec lesquels il prend l’avion, seront coupables de la propagation de la fièvre bovine en Italie.
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