Angela Alonso

Cette biographie historique nous présente un personnage peu connu et pourtant si important dans notre histoire récente. Joaquim Nabuco est, pour ainsi dire, le père de l’abolition d l’esclavage noir au Brésil.

Lorsque j’ai commencé ce livre, je pensais avoir affaire à l’une de ces nombreuses biographies à l’eau-de-rose, « il l’aime, il ne l’aime pas, il l’aime », mais l’auteur arrive à mêler vie privée et vie publique avec un certain talent. Il faut dire qu’elle est bien aidée par une abondance de sources concernant le monsieur. Et il est à la fois fascinant et triste de constater à quel point sa vie publique est proportionnellement aussi foisonnante que sa vie privée laisse à désirer.

De mon point de vue. D’autres trouveront peut-être ses indécisions et ses mollesses séduisantes, appelant le suspense. Après tout, c’était un homme de scène. Et il était brillant. Tantôt frôlant l’hérésie, tantôt bigot de haut vol, sa verve, sa détermination, sa conviction, son charme dramatique, et son sens du spectacle ont associé pour toujours son nom à l’abolition de l’esclavage au Brésil. Non que ce soit son seul fait d’arme, car ce voyageur insatiable, ce cosmopolite devant L’Éternel, cet Européen frustré presque, a bien d’autres cordes à son arc.

Malgré une rédaction très correcte qui a valu un prix à cette biographie, l’auteur est chercheur en Sociologie, pas écrivain ; et c’est presque tant mieux : cela nous épargne quelques longueurs mielleuses dans les paragraphes de sa vie amoureuse. En revanche, impossible de passer outre quelques lourdeurs politiques : trop de noms, de partis, et de concepts qui ne nous évoquent rien à nous lecteurs français, mais dans l’ensemble on comprend relativement bien qui donne les coups de pouce ou de couteau dans le dos.

Et en fin de compte, on fait la connaissance de ce fervent monarchiste, dont l’amour et le respect pour son empereur Pierre II a tout simplement précipité la République. Drôle de parcours, sacré bonhomme. A découvrir.

Livre plus fluide qu'il n'y paraît.

Malgré une profusion de noms, de partis, et de concepts qui peuvent nous sembler opaque (ils n'existent pas chez nous, et n'existent même plus au Brésil, par exemple), on finit par se faire une bonne idée du cadre général.

Mais il est absolument nécessaire de s'accrocher un minimum, parce que donc, oui, il y a une certaine profusion de personnages, de noms, de partis, et de concepts ; de la même manière, il faut s'y connaître un minimum en politique brésilienne, voire américaine, et en géographie latino-américaine.

Alors certes la lecture peut être entrecoupée de recherches pour se souvenir de qui est qui, mais l'auteure fait un véritable effort de fluidité et le résultat confine à l'anthologie.

D'où le prix littéraire.