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Citation de Santantonios


1 New-York


Avec le temps, l’image qui me revenait le plus fréquemment de ce deuxième mardi de septembre était celle d’une édition du New-York Post portant en gros titre : MICHAEL JORDAN, TROUVE-TOI UNE VIE !
Je vis ce titre par deux fois ce jour-là : la première en allant au bureau le matin, la seconde au début de l’après-midi, après que les tours furent tombées et mon monde eut été enseveli sous la cendre. Cette même vision me traversait l’esprit sans cesse : quelques lettres en gras imprimées sur une feuille de journal froissée volant dans une 34eme rue inanimée.
Je n’avais pas acheté le Post ce matin-là. Comme d’habitude, je l’avais lu par-dessus l’épaule de quelqu’un, suspendu comme moi à une sangle du métro. Dans le wagon où j’étais finalement montée à 8h26, vingt minutes avant que le premier avion ne s’encastrât dans la tour nord, j’avais vu en première page du quotidien, en caractères gras interpellant le joueur : - MICHAEL JORDAN, TROUVE-TOI UNE VIE ! Sur le moment je n’y avais pas réfléchi, m’émerveillant seulement de l’incurable obsession de la presse à scandale pour tout ce qui touchait au légendaire basketteur, mais la vue du même titre, une demi-journée plus tard, sur un simple feuillet fripé balayé par le vent d’une rue déserte m’avait effrayée. Tout m’effrayait dans ce nouvel environnement.
Je fuirais ce mardi-là son odeur de cendre et son silence de mort, mais ce journal voletant dans le caniveau de ce qui aurait dû être une rue animée, cette feuille déchirée, abandonnée, comme se mouvant de sa propre volonté réussit à me suivre par-delà les océans.
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