Anne Gintzburger

Celà aurait pu être le roman d'une scandaleuse fermeture d'usine, qui font régulièrement l'actualité, en trente secondes le soir au journal du vingt heures (pas plus, il y en a marre de ces ouvriers qui se radicalisent pour un plan social). Hélas, NON tout est vrai, scandaleusement vrai. La fermeture de l'usine LU d'Evry, que les ouvriers apprendront dans le journal "Le Monde" (patronat courageux pas téméraire). Avec l'infirmière de l'usine Monique Laborde qui a consigné les trois années de lutte, la journaliste Anne Gintzburger retrace le sacrifice humain pour toujours plus de profit. Le récit est formidable car les deux co-auteurs montre les différentes étapes d'une tragédie inéductable, la colère, l'indignation, le désarroi, la déstabilisation, la résignation. La scandaleuse indifférence des politiques ( on n'est pas en période électorale). Le cynisme du groupe qui malgré les bénéfices licencie son aucun remords. Anne Gintzburger donne aussi la parole au groupe Danone (dont faisait partie l'usine) qui explique avoir proposé le meilleur plan possible, avec le meilleur reclassement possible. Mais à la lecture du récit, c'est la colère qui prédomine.

Tristement d'actualité, honteusement d'actualité.

Poignant. Comment sont sacrifiés des emplois (et les êtres humains qui les occupaient) aux intérêts d'actionnaires invisibles

Témoignage implacable des derniers mois d'activité d'une usine appartenant au groupe Danone. Les auteurs, l'infirmière du site et une amie journaliste, dénoncent le cynisme des dirigeants de la multi-nationale, l'immobilisme politique, la casse sociale au profit des actionnaires. Derrière une le plan de communication se cache le traumatisme des salariés, les manquements de la direction, le rouleau compresseur d'un plan social qui ne répond pas au besoin des salariés. Ce récit, hélas toujours d'actualité dix ans après la fermeture, est d'autant plus intéressant que l'infirmière nous donne un éclairage intéressant sur les conditions de travail à l'usine et sur le rapport qu'ont les ouvriers à leur lieu de travail.