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Citation de Woland


[...] ... Monsieur [= Gaston d'Orléans, père de Mademoiselle] fut le matin au Palais pour assurer messieurs du parlement qu'il n'avait point de traité fait et qu'il ne se séparerait point des intérêts de la compagnie ; qu'il périrait avec eux. Il leur parla en ces termes ou encore plus exprès ; la compagnie le remercia. C'était le lundi au matin. L'on nous vint dire chez Mme de Choisy que Son Altesse Royale avait ordre de s'en aller. Je m'en allai courant au Luxembourg. En entrant, je trouvai M. le duc de Rohan qui était accusé, et avec assez de raison, d'être bien à la cour et d'avoir abandonné les intérêts de Monsieur le Prince, à qui il avait assez d'obligation. Je lui en dis mon sentiment assez vertement ; puis j'entrai dans le cabinet de Madame, où je trouvai Monsieur, à qui je demandai s'il avait ordre de s'en aller. Il me dit qu'il n'avait que faire de m'en rendre compte. Je lui dis : "Quoi ! vous abandonnez Monsieur le Prince [= le Grand Condé] et M. de Lorraine !" Il me répliqua encore la même chose. Je le suppliai de me dire si je serais chassée ; il me dit qu'il ne se mêlait point de ce qui me regardait ; que je m'étais si mal gouvernée avec la cour qu'il déclarait qu'il ne se mêlerait point de ce qui me regardait [sic], puisque je n'avais point cru ses conseils.

Je pris la liberté de lui dire : "Quand j'ai été à Orléans, ç'a été sur votre ordre : je ne l'ai pas par écrit parce que vous me le commandâtes vous-même ; mais j'en ai [de vos ordres par écrit] pour toutes les choses qui y étaient à faire, et même des lettres de Votre Altesse Royale plus obligeantes qu'il ne m'appartenait, où elle me témoigne des sentiments de bonté et de tendresse qui ne m'eussent pas fait croire que Votre Altesse Royale en dût user comme elle en use présentement. - Et l'affaire de Saint-Antoine, me dit-il, ne croyez-vous pas, Mademoiselle, qu'elle vous a bien nui à la cour ? Vous avez été si aise de faire l'héroïne et que l'on vous ait dit que vous l'étiez de notre parti, que vous l'aviez sauvé deux fois, que, quoi qu'il vous arrive, vous vous en consolerez quand vous vous souviendrez de toutes les louanges qu'on vous a données."

J'étais dans un grand étonnement de le voir en telle humeur. Je lui répartis : "Je ne crois pas vous avoir plus mal servi à la porte Saint-Antoine qu'à Orléans. J'ai fait l'une et l'autre de ces deux choses si reprochables par votre ordre ; et si c'était encore à recommencer, je le ferais, puisque c'est mon devoir de vous obéir et de vous servir. Si vous êtes malheureux, il est juste que j'aie ma part à votre mauvaise fortune ; et, quand je ne vous aurais pas servi, je ne laisserais pas d'y avoir participé. C'est pourquoi il vaut mieux, à ma fantaisie, avoir fait ce que j'ai fait que de pâtir pour rien. Je ne sais ce que c'est que d'être héroïne : je suis d'une naissance à ne jamais rien faire que de grandeur et de hauteur en tout ce que je me mêlerai, et l'on appellera cela comme l'on voudra ; pour moi, j'appelle cela suivre mon inclination et suivre mon chemin ; je suis née à n'en pas prendre d'autre." ... [...]
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