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Citation de RChris


"Qu'on ne confonde pas le bandit corse avec le brigand continental, car ce serait une grande injustice", écrit Jean de La Rocca dans "La Corse et son avenir" en 1857. Le bandit corse est en somme un très honnête homme et pourquoi pas un héros ?
Un héros, le bandit Agostini, surnommé Capretta, "la petite chèvre" , qui détruisit en 1820 les sept membres de la famille Filippi avec laquelle il était entré en inimitié avant de tuer un voisin, coupable d'avoir loué à ses victimes la modeste pièce d'une maison où il vivait ?
Et le bandit Antonini, du village de
Marignana qui enleva Toussainte Bartolini, âgée d'à peine dix-huit ans, sous les yeux de son jeune frère avant de la précipiter au fond d'un gouffre parce qu'elle se refusait à lui ?
Et les brutes anonymes qui tranchèrent la tête de Giovani-Natale Franceschi, lui arrachèrent coeur et poumons pour suspendre ses abats aux branches d'un arbuste, mutilèrent le sexe de son fils de quatorze ans, près de Levie, en 1846
Et le bandit inconnu qui fusilla Simonpietro Fiorella, un nourrisson de quarante jours, pour qu'il ne puisse jamais venger la mort de son père, exécuté queloues jours plus tôt dans un minuscule hameau près de Corte par une journée brûlante de juillet 1870?
Et les assassins des deux jeunes hommes aux cadavres calcinés, crânes et ventres ouverts répandant la bouillie fumante de leurs cervelles et d'entrailles noircies sur le sol gelé de l'hiver, du côté de Cuttoli ? Héros! Héros ! Héros ! Héros jusqu'à déshonorer les femmes parce que la mort, pour elles, ne suffit pas. II faut encore les humilier, butin exhibé à la compagnie des hors-la-loi, rires gras, tapes sur la bedaine :« Cette mignonne-là, je l'ai eue de force !»
Les gazettes, les romans, continuent de répandre leur lisier et de nommer « exploits » le guet-apens tendu à cinq contre un, le viol d'une enfant de seize ans, le massacre d'une famille qui ne paie pas assez vite, de bergers isolés, de cochers sans défense, vieillards, meuniers, paysannes, marins débarqués à l'escale, mutilés, carbonisés, trainés derrière un cheval, énucléés, dépecés, ébouillantés, criblés de balles, écartelés, martyrisés, ongles arrachés, clous de charpentier plantés dans les genoux, dents arrachées, fendus de haut en bas et mis à vif, frappés, insultés, humiliés, racines enfoncées dans la bouche pour dire que la race est exterminée, ruines humaines à présent, et dépouillés, contraints à l'exil, jetés au fond d'un puits.
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