Antoine Captier

Dans la même veine que l’ouvrage de Jacques Rivière, il faut évidemment mentionner L’Héritage de l’Abbé Saunière par Claire Corbu et Antoine Captier (Belisane 1985, réédition EODS). Un ouvrage également bourré de reproductions de documents de toute première main puisque les auteurs ne sont autres que les enfants de Noël Corbu . Et ce livre dégage un sentiment de vécu assez touchant à l’évocation des moments passés avec la fidèle Marie Denarnaud. L’enquête sur « l’énigme » est opérée de façon méticuleuse, sur la base des carnets de l’abbé. Les conclusions ?

- la légende du trésor de RLC repose essentiellement sur la découverte par deux maçons de plusieurs parchemins cachés dans un pilier sculpté, soutenant la table du vieil autel. Au regret de décevoir bien des lecteurs, nous devons dire que nous n’avons recueilli aucun témoignage pour confirmer cette version……. La version des parchemins (…) n’apparaît que bien plus tard, lorsque les journalistes s’emparèrent de l’affaire, c’est à dire une dizaine d’années après notre arrivée à Rennes. Ce commentaire est à relier aux aveux du Marquis de Cherisey ayant reconnu que les copies remises à Gérard de Sède étaient des faux…. fabriqués par ses soins…… Et lorsque l’on sait que ces fameux papiers sont à l’origine de la fabuleuse dimension prise par le mythe (dynastie mérovingienne, héritage du Christ, etc….)…………

- la fortune de l’abbé ? Sa comptabilité est « trouble » et il est difficile de croire que les « dons » ont été la seule source de financement de ses travaux fastueux. Les auteurs s’orientent, sur base d’un vieux registre paroissial de 1694, sur l’existence d’un tombeau des Seigneurs de Rennes dans l’Eglise, qui aurait pu receler un trésor « templier ». Simple supposition, du reste, tout en convenant que si l’abbé avait manié beaucoup d’argent, il n’était pas fabuleusement riche…. La fin de sa vie dans le dénuement en témoigne si besoin était…

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Au total, un excellent livre dont je ferais volontiers mienne la conclusion : « Rien à notre sens ne peut justifier cette atmosphère de malédiction que certains auteurs ont réussi à faire planer sur ce petit village. Et si l’esprit de l’abbé Saunière, si souvent invoqué par les médiums revenait sur terre, il serait certainement effrayé par l’odeur de souffre et d’occultisme qui s’est attaché à son souvenir. Mais il aurait quand même la satisfaction de voir le long défilé des touristes venus admirer son église, même si ce n’est pas pour les pieuses raisons qu’il espérait. »