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Citation de Enantiodromie


Avant d'être l'exaltation d'une réalité supérieure le Surréalisme était une critique des faits, et du mouvement de la raison dans les faits. Entre le réel et moi, il y a moi, et ma déformation personnelle des fantômes de la réalité.
Et la jeunesse dans son moi actuel considère que
Marx est parti d'un fait, mais qu'il est demeuré dans ce fait sans sortir dans la Nature. Il a tiré en somme une métaphysique d'un fait, mais il ne s'est pas élevé jusqu'à une métaphysique de la Nature, et la jeunesse veut d'abord s'élever jusqu'à la nature avant de se laisser accabler par la partie économique des faits. Mais si cette jeunesse est pour qu'on organise la
matière, elle est pour qu'on organise en même temps l'esprit.
L'organisation matérialiste de Lénine, elle la considère comme une organisation transitoire et punitive, et elle pense que cette organisation matérialiste et punitive, Lénine, en Russie, l'applique avec une juste cruauté. Mais esprit matière, matière esprit, elle affirme l'interdépendance de ces deux aspects de son être. Car elle mange en même temps qu'elle sent et
elle pense en même temps qu'elle mange. Elle accuse l'Europe moderne d'avoir inventé un antagonisme qui n'existe pas dans les faits. Et si elle condamne Marx c'est comme Européen, et parce que cette jeunesse
aime l'Homme, mais l'Homme entier, pour la sauver de l'Homme. Dans sa nouvelle idée de la culture il y a une idée contre le progrès. La science moderne nous apprend qu'il n'y a jamais eu de matière, et elle en revient après quatre cents ans à la vieille idée alchimique des trois
principes, le soufre, le mercure et le sel, qu'elle appelle l'énergie, le mouvement, la masse. On peut certes dire qu'il n'était pas besoin de parler de progrès. Et tout cela manifeste une idée supérieure de la culture, mais pour que cette culture soit bien des idées doivent être brisées, des idées qui sont des idoles, et si nous sommes décidés à briser d'antiques idoles, ce
n'est pas pour en faire naître de nouvelles sous nos pieds. Cette jeunesse ne veut plus être dupe et, quand on dit que les temps ont changé et qu'aujourd'hui un intellectuel, un poète ne peuvent plus ignorer leur
temps, elle rétorque qu'il y a erreur sur les intellectuels et sur le temps.
Elle ne sépare pas les intellectuels du temps, et les intellectuels ne se séparent pas de leur temps et, tout comme leur temps, ils pensent que l'esprit n'est pas une chose vide et que l'art ne vaut que par sa nécessité..
Mais pour eux cette idée d'une action nécessaire ne veut pas dire prostitution de l'action. Il y a une manière d'entrer dans le temps, sans se
vendre aux puissances du temps, sans prostituer ses forces d'action aux mots d'ordre de propagande « guerre à la guerre, front commun, front unitaire, front unique, guerre au fascisme, front anti-impérialiste, contre le fascisme et la guerre, lutte des classes, classe pour classe, classe contre classe, etc., etc.» Il y a des idoles d'abêtissement qui servent au jargon de propagande. La propagande est la prostitution de l'action, et, pour moi et pour la jeunesse, les intellectuels qui font de la littérature de propagande
sont des cadavres perdus pour la force de leur propre action.
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