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Critiques de Astrid von Busekist (54)
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La filière



« Une histoire d’amour et de nazi »



Dès les premières pages, j’ai ressenti comme un trouble profond, personnel voire un malaise diffus. Pénétrer l’intimité d’un haut dignitaire nazi, responsable de meurtres de masse et de déportations était, pour moi, une première. Je découvrais un Otto amoureux, non dénué de sentiments : curieuse sensation. Que de contrastes chez ce père de famille, qui pouvait parfaitement, sans état d’âme, conduire le massacre de Bochnia en Pologne tout en conservant une attitude nonchalante au milieu de ses officiers.



Je regarde la photographie de la couverture du livre, Otto et Charlotte avec les enfants, Horst et Liselotte. Comment deviner que cet homme fut un soutien précoce d’Hitler, qu’il participa au coup d’état où fut assassiné le chancelier Dollfuss. Rien ne peut le distinguer de vous et moi si ce n’est l’uniforme. Otto est le portrait parfait du bel aryen. Il aime les femmes qui le lui rendent bien. La rencontre avec Charlotte est décisive. Elle lui offre « Mein Kampf » en mars 1931 où elle écrit sur la page de garde « Dans le combat et l’amour jusqu’à la fin ». Elle rejoint le parti nazi en mai 1931. Ce livre est incroyablement surprenant, on découvre en même temps une passion amoureuse entre deux êtres qui adhèrent aux lois de Nuremberg et aux théories « bidon » de la race aryenne.



Constat déstabilisant : les nazis sont donc à notre image, ils peuvent partager des émotions aux nôtres pareilles. Parce qu’elle aura aimé son Otto, Charlotte, elle aura tout accepté pour lui, tout enduré mais sans jamais renoncer à leur engagement. Femme nazie convaincue, elle est prête à tout pour lui. Elle aura les mêmes problèmes que n’importe quelle femme ou amante : les maternités, l’éducation des enfants, un mari volage, la jalousie et la peur de le perdre. Et quel engagement ! Pas un seul instant, ce couple ne remet en question les décisions du Führer. L’un comme l’autre acceptent aveuglément la méthode Himmler. Lui participe sans état d'âme à la « Judenaktion » qu'elle approuve, ce qui veut dire l’assassinat de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes tout en continuant de s’écrire des poèmes, des lettres d’amour. C’est ce qui m’aura le plus troublée dans cette lecture captivante. Comment une mère qui aime et protège ses enfants, une femme amoureuse qui connait donc ce sentiment vif qui incline à vouloir du bien, peut-elle adhérer au nazisme !



Philippe Sands soulève, également, le problème du poids de cet héritage pour les enfants et les petits enfants. Il met en évidence soit le déni, soit la douleur, soit un antisémitisme virulent de toute une famille jusqu’à aujourd’hui mais c’est toujours avec intelligence et subtilité.



J’ai découvert Philippe Sands avec « Retour à Lemberg » où dans un fascinant récit, il relate les circonstances par lesquelles, il a pu lever le voile sur l’histoire ignorée de son grand-père, Léon Buchholz, assassiné à Lemberg avec toute sa famille.



Commence pour lui une quête incessante qui le mène sur la terre de ses origines d’où émergent deux dignitaires nazis Hans Frank, gouverneur de Pologne et Otto Von Wächter, Gouverneur de Cracovie pour devenir ensuite gouverneur du district de Galicie, territoire dont Lemberg faisait partie. A partir de cet instant, Philippe Sands a rendez-vous avec son histoire et l’Histoire. Il contacte Niklas Frank, le fils de Hans Frank, qui lui présente Horst Von Wächter, le fils d’Otto.



La question des origines est une quête qui ne vous laisse pas beaucoup de répit. Plus tu avances, plus tu veux savoir. C’est une quête qui vous absorbe corps et âme d’autant plus quand elle est sur fond de Shoah. Philippe Sands est, à ce titre, impressionnant de ténacité. Il faut reconnaitre qu’en sa qualité d’avocat franco-britannique de grande renommée, il a pu aussi s’appuyer sur une équipe de chercheurs. Il a le sens du détail, il analyse les preuves, il cherche à étayer les faits, rien ne lui échappe dans cette avalanche de faits historiques.



Dans « La Filière », le projecteur est braqué sur Otto Von Watcher. Après avoir relaté les débuts d’Otto Von Wätcher et de son épouse, leur environnement familial, leur engagement politique, Philippe Sands nous apprend que ce nazi, recherché pour « meurtres de masse » disparait le 8 mai 1945 pour réapparaître quatre ans et demi plus tard dans un hôpital de Rome, « Le Santo Spirito », gravement malade, à l’article de la mort.



Et c’est là que le récit devient addictif, un véritable thriller. Que s’est-il passé entre 1945 et 1949 ? Otto est-il bien décédé à l’hôpital ? Qui est cette femme prussienne qui venait lui rendre visite ? Comment est-il mort, de maladie, suicidé ou assassiné ?



Horst, le fils d’Otto, soutien Philippe Sands dans ses recherches. L’ambition de Horst diffère de celle de Philippe. L’un cherche à innocenter ses parents et les laver de l’opprobre, alors que Philippe cherche à reconstituer le parcours de l’assassin de sa famille. Horst perçoit son père différemment. Il garde le souvenir des propos de sa mère qui n’a eu de cesse de clamer que son père était un homme bien, humain. C’est dans cet objectif qu’Horst demande à Philippe que ce dernier le tienne au courant de ses investigations.



La famille Von Wätcher est passée au crible grâce aux archives de Charlotte. Elle a conservé méticuleusement tous les agendas, les courriers, ses cahiers intimes, les photographies qu’elle a légué à Horst. Tous ces documents vont être scannés et transférés à l’équipe de Philippe aux fins d’un documentaire en 2015 « What Our Fathers Did. A Nazi Legacy » sur lequel, la troupe travaillera cinq ans. Ces archives sont conservées au « United States Holocaust Memorial Museum ».



Dans son parcours, l’auteur rencontrera Gérald Steinacher, auteur de « nazis en fuite » (merci Pecosa) ainsi que David Cornwell plus connu sous le nom de John Le Carré, jeune second lieutenant, faisant partie d’une équipe de sécurité de terrain dans la zone russe qui débriefait les personnes déplacées. Il sera aussi en contact avec le Centre Simon Wiesenthal. Rien ne sera laissé au hasard jusqu’à la fin de cette quête surprenante, passionnante, émouvante, riche en rebondissements mais qui permettra à Philippe, enfin, de connaître son histoire. Les sources et les documents sont énoncés en fin de livre et c’est impressionnant.



« Les enfants ne sont pas épargnés ; le passé fait son œuvre. De retour chez elle à Vienne, Magdalena, qui venait de parcourir les lieux de mémoire des Wächter en Autriche avait choisi d’affronter ce passé. Contre la volonté de son père (Horst), elle publia un bref message sur les réseaux sociaux :

Mon grand-père était un meurtrier de masse ».



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La filière

Un des livres les plus impressionnants que j'aurais lus en 2017 est incontestablement "Retour à Lemberg" par le même juriste franco-britannique mondialement apprécié Philippe Sands. Dans cet ouvrage, où il était parti à Lemberg, l'actuelle ville de Lviv en Ukraine, à la recherche de son grand-père Leon Buccholz et sa famille juive disparue lors de la dernière guerre mondiale, il a eu le grand mérite de nous présenter 2 bienfaiteurs : les juristes Raphael Lemkin (1900-1959) et Hersch Lauterpacht (1897-1960), qui ont forgé respectivement les termes "génocide" et "crimes contre l'humanité".



Pour "La filière" Philippe Sands est reparti à l'Est et à Lemberg-Lwów-Lviv à la recherche de la réalité concernant un personnage qui se trouve à l'opposé de Lauterpacht et Lemkin : le gouverneur SS de Cracovie en Pologne, puis de la Galicie, dont Lemberg était la capitale, le Standartenführer (général) et baron Otto (von) Wächter, né à Vienne en 1901 et mort à Rome en 1949.



Ce fils de général de l'armée des Habsbourg de la double monarchie austro-hongroise a rejoint très jeune les nazis et la gestapo. L'auteur a épluché consciencieusement toutes sortes d'archives (publiques et privées) pour retracer l'acheminement de ce petit ambitieux.



Philippe Sands nous raconte également la vie de son épouse Charlotte ("Lotte") Bleckmann (1908-1985) et leurs 6 enfants Otto junior, Liselotte, Traute, Horst, Heidegrund et Sieglinde, nés entre 1933 et 1944. Charlotte a toujours aimé son Otto, bien qu'il était volage et qu'elle ait traversé maints épisodes de jalousie plus ou moins intenses.



Sur la photo de couverture on voit le couple, lui en grand uniforme Feldgrau, elle avec un sourire timide et leurs gosses Traute et Horst. La photo a été prise peu avant la défaite allemande en 1944 près du lac de Zell-am-See en Autriche.



Otto Wächter a donc connu une carrière nazie fulgurante et a pu bénéficier de l'appui des hauts gradés nazis, tels Heinrich Himmler, Odilo Globočnik (gouverneur de Vienne), Ernst Kaltenbrunner (successeur de Reinhard Heydrich à la sécurité du Reich) etc. Il était, par ailleurs, lié d'amitié avec Baldur von Schirach, chef des jeunesses hitlériennes, et Arthur Seyss-Inquart, chancelier d'Autriche et pendant la guerre gouverneur des Pays-Bas. Petite anecdote : ce dernier énergumène était le parrain de baptême du petit Horst Wächter en 1939.



Le chef immédiat de Wächter était Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, qui a été pendu à l'issue du fameux procès des criminels de guerre à Nuremberg en 1946.



Otto Wächter lui, formellement condamné comme criminel de guerre pour les ordres qu'il a signés relatif à la persécution et déportation des Juifs vers les camps de la mort, a réussi à échapper à la justice en prenant la fuite, d'où le titre original "The Ratline" (ou la ligne des rats).



Pour ne pas gêner lectrices et lecteurs, je préfère m'abstenir de commentaires sur la fuite et la mort d'Otto, ainsi que l'existence pénible de Charlottte avec tout son ménage après la fin de la guerre.



Comme j'ai eu l'occasion de le remarquer dans mon billet du 3 octobre 2017, Philippe Sands a beau être un éminent juriste, il est aussi un raconteur-né. Ce talent étonnant d'exposer des faits historiques comme des événements d'un thriller, se voit amplement confirmé dans ce récit.



Écrire un ouvrage de 493 pages à propos d'un héros abject sans que cela ennuie même une seconde, cela relève de l'art !

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La filière

Second ouvrage lu de Philippe Sands, avec autant d’intérêt. Une biographie d’Otto von Wätcher, évoquant sa vie de dignitaire hitlérien , de gouverneur de Cracovie puis du district de Galicie, un nazi convaincu ordonnant sans état d’âme des meurtres de masse, puis sa vie de banni , profitant quand même de l’appui du Vatican et de tout un réseau pour mener, certes, une vie discrète mais sans véritable réclusion.

Un récit qui s’appuie sur une abondante documentation, notamment la correspondance échangée entre les époux Wätcher, Otto et Charlotte, mise à disposition de l’auteur par un de ses fils, Horst, sur des voyages in situ pour mieux apprécier l’atmosphère, à la recherche du moindre indice permettant de mettre en exergue la véritable personnalité de ce personnage et le rôle qu’il tint effectivement.

Si certains Nazis furent arrêtés, jugés, condamnés, emprisonnés ou exécutés, lui, comme tant d’autres parvinrent à se soustraire à la justice des hommes, lui n’échappa pas à son destin.

De page en page et jusqu’à la dernière, de nombreux rebondissements, faisant ainsi, de cette réalité historique un puissant thriller.



Ajout, le 07/07/2021 :

Sur France Culture Enquête menée comme un thriller, « La Filière » raconte une histoire d’amour et d’espionnage, de secrets, de cavales et de doubles vies. L’histoire d’une famille de nazis… la famille Wächter.







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La filière

Dans son livre précédent, "Retour à Lemberg", l'auteur partait sur les traces de son grand-père Léon, victime des nazis. Ici c'est à l'un d'entre eux qu'il s'intéresse : Otto von Wächter qui fut l'un des responsables de la « solution finale », principalement à Lemberg (aujourd'hui Lviv). Pour ce faire Sands s'appuie en partie sur les souvenirs de Horst, le fils d'Otto.

Otto von Wächter, autrichien de naissance, nazi dès sa jeunesse, devient SS, grimpe dans la hiérarchie nazie, participe à l'Anschluss, avant d'être affecté en Pologne et en Ukraine pour exercer sa sale besogne. A la fin de la guerre il fera tout pour échapper au procès et tentera de fuir à l'étranger via la « filière » installée en Italie avec l'appui de l'Église catholique. Sa mort, mystérieuse, surviendra avant qu'il ait pu s'expatrier.

Le sujet du livre ne se limite pas là : il est aussi dans l'attitude de déni de son fils Horst, acharné à déresponsabiliser son père. De ce point de vue c'est une étude sur la psychologie de « ces gens-là ».

Comme le livre précédent, l'auteur s'appuie sur des sources multiples et une immense bibliographie qui nous sont livrées en notes. C'est un superbe travail d'enquête dont l'intérêt historique est évident. On ne retrouve cependant pas la sensibilité de "Retour à Lemberg".
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La filière

Durant ses recherches pour Retour à Lemberg, son précédent livre, Philippe Sands avait rencontré Niklas Frank, le fils de Hans Frank, l’ancien gouverneur général de la Pologne occupée durant l’annexion nazie. Niklas Frank a indiqué à l’auteur l’existence d’un autre fils de dirigeant nazi, qui serait prêt à parler de ses parents : Horst Wächter, fils de Otto Wächter, ancien gouverneur de Cracovie, puis de la Galicie. Si Niklas Frank condamnait totalement les actes de son géniteur, l’attitude de Horst Wächter était plus ambiguë : il ne niait pas les crimes de guerre, mais estimait que son père était un homme bon, un administrateur respecté des territoires qu’il avait en charge. D’un côté l’administration civile, de l’autre les SS, en quelque sorte.

Sands et Horst Wächter se sont rencontrés à de multiples reprises et Horst a accepté de le laisser consulter les archives familiales, rien d’important n’y étant caché selon lui.

Ce livre est le fruit de ces longues recherches et propose trois thèmes distincts.



Le premier est bien évidemment une biographie de cet Otto Wächter. Ce fils de militaire autrichien a dès ses études universitaires en droit durant les années 20 basculé dans le camp nationaliste et antisémite. Avec quelques amis du Deutsche Klub viennois, dont Arthur Seyss-Inquart ou Ernst Kaltenbrunner, ils adhèrent au NSDAP, puis complotent contre le chancelier autrichien Dollfuss. Le 25 juillet 1934, leur tentative de putsch, dont Wächter était l’un des trois chefs principaux, échoue, même si Dollfuss est assassiné. En fuite, Otto Wächter quitte femme et enfants, passe en Allemagne et bien évidemment trouve du travail au sein des services d’Himmler. Cette proximité avec le pouvoir nazi va l’amener à être un des dirigeants de la nouvelle région du Reich qu’est l’Autriche après l’Anschluss. Il licencie ses anciens professeurs de droit (juifs), interdit d’exercer plus des deux tiers des avocats du pays…

La seconde guerre mondiale va être l’opportunité de monter dans la hiérarchie nazie : d’abord comme adjoint de Frank, puis comme gouverneur de Cracovie, avant de devenir gouverneur de Lemberg (Lviv aujourd’hui) en Galicie. Dans ces postes il va montrer son efficacité : représailles contre la population civile lors d’attentats, création du ghetto de Cracovie, élimination des juifs de Galicie…

Avec l’avancée des troupes soviétiques sur le front de l’Est, il va d’abord être responsable de la liaison entre l’armée allemande et le gouvernement de Mussolini à Salo, avant de diriger l’action de troupes étrangères ralliées aux nazis, dont une division SS d’ukrainiens de Galicie.

Avec la fin de la guerre, il n’est plus qu’un criminel de guerre, qui se cache dans les montagnes autrichiennes, ravitaillé à l'occasion par sa femme. Après des années de cache-cache avec les forces d’occupation en Autriche, il va partir pour Rome pour tenter comme beaucoup d’autres de rallier l'Amérique du Sud. Il mourra à Rome en 1949 avant d’avoir pu quitter le pays.



Toute cette partie historique, en grande partie reconstituée grâce aux nombreuses lettres échangées entre Otto Wächter et sa femme Charlotte, est détaillée et montre bien comment l’ambition d’un homme, alliée à un racisme profondément ancré, l’a conduit a être un des rouages importants du nazisme.

Le deuxième thème abordé est donc celui des réactions de Horst Wächter face aux révélations successives sur l’action de son père. Horst, qui n’était qu’un gamin au moment la guerre et n’a quasiment pas connu son père, s’est forgé une image de celui-ci au travers de ce que sa mère Charlotte lui a raconté. Une version idéalisée où Otto Wächter n’était qu’un administrateur, apprécié de ses administrés (ukrainiens notamment). Charlotte a elle-même profité de l’ascension de son mari : des propriétés de luxe leur ont été attribuées après confiscation à leurs propriétaires, elle était entourée de nounous, majordomes et chauffeurs, et a puisé le décor de leur résidence à Cracovie dans le musée local…

Charlotte, amoureuse de son mari jusqu’aux derniers instants a tout fait pour lui, même si lui l’a abondamment trompée. Elle était autant que lui convaincue du projet nazi. Et l’est certainement restée jusqu’à son décès des décennies plus tard.

Sands reconnaît que Horst Wächter a fait montre de transparence, mais on sent que plus la vérité historique se fait jour, plus Horst l’habille et créée d’autres motifs aux actes de son père. Il lui est difficile de mettre en cause sa famille.



Le troisième thème abordé est celui qui donne son nom au titre : les réseaux d’évasions des nazis après guerre. Rome en 1949 est un vrai nid d’espions. L’opposition Est-Ouest commence. La CIA paye des indicateurs dans tous les milieux. Le rôle d’une partie de l’église catholique est ambigu, surtout s’agissant de l’évêque Hudal, un autrichien proche des nazis, qui a contribué au passage en Argentine de nombreux criminels de guerre, avant de devoir abandonner son poste quand ses liens avec… Otto Wächter sont apparus lors du décès de celui-ci.

Cette partie du livre est labyrinthique, complexe, et parfois déroutante. Il en ressort que les Américains ont très vite su que Wächter, qui figurait parmi les criminels de guerre réclamés par la Pologne nouvellement communiste, était présent à Rome, mais n’ont rien fait pour empêcher son projet d’exil sud-américain.

Sands durant son enquête va aussi découvrir des secrets de famille, qu’il va s’empresser de révéler (de son propre chef) à des personnes qui des décennies après les faits en ignoraient tout.



La filière est un récit historique parfaitement documenté (au plus prés des intervenants), impressionnant en ce qu’il montre de la vanité humaine et de l’absence d’humanité de certains. Mais l’ouvrage perd un peu de sa force dans une trop longue partie finale qui ressasse un peu toujours les mêmes arguments.
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La filière

Le parcours d'Otto von Wächter, autrichien et membre de l'élite hitlérienne, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis de Galicie (Ukraine). Après la guerre, il est accusé de meurtres de masse et d'avoir été méticuleusement très actif dans l'application de la " solution finale ". En 1949, fugitif, il meurt à 48 ans en Italie. Il est persuadé de son innocence. Sa femme et son fils le sont également.



Mais comment a-t-il pu échapper à la justice ? Qui l'a aidé dans sa fuite ? Sa mort est-elle naturelle ?



L'auteur a orchestré un remarquable travail de recherche afin de nous apporter des réponses à ces questions. Il a obtenu de son fils un accès privilégié aux archives de cette famille. Les nombreuses correspondances entre von Wächter et sa femme vont permettre d'amorcer une enquête tentaculaire. Un fils en quête désespérée de l'humanité de son père et un auteur qui veut la vérité.

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La filière

J’avais vu passer ce livre plusieurs fois sur Babelio avec de très bonnes critiques. Le sujet est pour le moins délicat, particulier, cela me change de mes policiers/thrillers habituels. J’ai été tenté de le lire, curieux de comprendre comment on pouvait embrasser une telle cause, obéir aux ordres de façon aveugle.



Le travail de Philippe Sands est remarquable, extraordinairement riche en documents d’archives, en photos. Il a « mouillé la chemise » comme on dit pour nous restituer au plus juste la ‘vérité’. Quel travail d’investigation !



Otto Wätcher a gravi les échelons de la hiérarchie militaire un par un mais assez rapidement. Obéissant aveuglément aux ordres ; était-il convaincu du bien-fondé de ceux-ci ? On le dirait bien. Il ne s’agissait pas seulement de monter en grade. Il était assez proche des grands décideurs nazis. Cet ancien avocat était pourtant un bon mari, un bon père de famille nombreuse.

Cela ne l’a pas empêcher d’agir de façon monstrueuse.



Ce général SS est responsable du massacre de plusieurs dizaines de milliers de juifs.



Ce que j’en retiens et qui me choque le plus c’est qu’il n’assume pas ses actes, pour lui il ne faisait qu’obéir. Sa femme charlotte minimise le rôle de son mari également. De plus elle trouve normal de « récupérer » la maison et les biens de personnes chassées mais est choquée quand il s’agit de les rendre. « Non elle n’a rien fait de mal, elle ne comprend pas ce qu’on leur reproche »



Idem pour le fis d’Otto, Horst, qui a confié beaucoup d’archives familiales à Ph Sands comme le journal de sa mère par exemple. Il défend sans relâche ce père dont il ne se souvient quasiment pas, l’idéalisant, lui trouvant sans cesse des excuses ou minimisant son rôle malgré des preuves accablantes.



Si Otto Wätcher ne se rend pas responsable de ses actes il entreprend pourtant une cavale pour échapper au procès de Nuremberg. Elle prendra fin à Rome en 1949 .

Après avoir déjeuner chez un ami il tombe rapidement malade. A-t-il été empoisonné ? Par qui ?



Philippe Sands entreprendra de répondre à cette question en analysant les archives, en interrogeant la famille. Il ne ménagera pas ses efforts. Homme de terrain il n’hésitera pas à aller à Vienne chez Horst Wâtcher, le fils d’Otto.



Si vous souhaitez juger par vous-même du degré d’implication d’ Otto Wätcher, n’hésitez pas à lire cette brillante analyse de Philippe Sands, juriste-professeur-écrivain émérite.

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La filière

La Filière de Philippe Sands est l’histoire de la famille Wächter.



Un roman historique, une saga familiale que je n'ai pas lu mais que je viens de découvrir en adaptation radiophonique sur France Culture...



Les nazis étaient des hommes et des femmes presque comme les autres... Ils tombaient amoureux, se mariaient, avaient des enfants.



Philippe Sands nous raconte une histoire d’amour et d’espionnage, de secrets, de cavales et de doubles vies. On dirait un thriller, une enquête captivante...



Une femme prête à tout, profondément et inconditionnellement amoureuse de son mari...

Une filière pour organiser la fuite des criminels de guerre nazis qui passe par le Vatican et un monastère catholique...



Une carrière "exemplaire" : Otto von Wächter a rapidement intégré l’élite hitlérienne, occupant les postes de gouverneur de Cracovie en Pologne, puis du district de Galicie, dans l’ouest de l’Ukraine actuelle, deux territoires qui furent le théâtre de l’extermination des Juifs.

Une mort suspecte : a-t-il été empoisonné ? A-t-on voulu le réduire au silence ?



Un déni, une mémoire farouchement défendue par sa famille malgré les preuves irréfutables.

Un fardeau lourd à porter pour les générations suivantes.



Lien vers la baladodiffusion sur France Culture :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-filiere?p=2


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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La filière

Rome, 1949, à l'hôpital San Spirito, décède Otto Wächter, un nazi de haut rang, accusé de meurtres  de masse, adjoint de Hans Frank, Gouverneur général de la Pologne, Gouverneur de Galicie, responsable de la déportation des Juifs de Lemberg. Comment un nazi de si haut rang a-t-il échappé au procès de Nuremberg, aux poursuites des Polonais?



Philippe Sands va mener une enquête minutieuse à la suite de celle du Retour à Lemberg. Au cours de ses recherches précédentes, il a rencontré le fils de Otto Wächter, Horst Wächter qui a conservé les archives familiales, le journal intime de sa mère, Charlotte, des photos de familles ainsi que des enregistrements vocaux que sa mère a fait.



Philippe Sands, va étudier ce corpus de documents,  vérifier les pistes, imaginer que certaines lettres sont codées, chercher les témoins ou  les enfants des témoins et va nous livrer pas à pas les résultats de ses recherches. une cinquantaine de pages de notes complète le récit. Il va se voyager en Autriche, en Italie et même aux USA.



La première partie du livre est "une histoire d'amour nazie" relatée en détail dans le journal de Charlotte, femme exemplaire, mère de six enfants, skieuse, randonneuse, femme de goût (elle a fait des études d'art), femme du monde qui sait recevoir et sortir à l'Opéra...Otto est beau, élégant, bon skieur, nageur, marcheur. C'est un nazi très bien noté qui a mené sa carrière avec brio même dans les circonstances les plus dures comme l'exécution d'otages polonais ou la liquidation des Juifs de Galicie. Seul bémol, c'est un séducteur mais Charlotte s'en est accommodée. Cette relation par le menu de la vie de couple et de famille de ces deux nazis exemplaires m'a mise mal à l'aise. Quel besoin ai-je de lire cela? Elle est cependant utile pour l'enquête. Il faut établir les faits, les responsabilités dans les meurtres de masse.



Un autre aspect du livre est la question : comment vivre avec le lourd passé d'un père nazi?  Niklas Frank  a condamné son père ; Horst  Wächter n'a pas la même attitude : il minimise le rôle de son père dans le génocide en  niant la responsabilité directe. Son père n'a tué personne, selon lui, il a aidé des gens. Il espère que la relation de Sands permettra d'exonérer son père des horreurs qui lui sont imputées. Sands confronte les deux fils dans des entretiens publics à Londres. Un film What our Father Dud? A Nazi Legacy est passé au festival de Tribeca.



1945, "notre magnifique Reich est détruit" écrivit Charlotte qui se trouve en Autriche et doit se cacher. Quand elle doit loger des Américains dans les montagnes près du lac de Zell,  elle affirme "Bien sûr j'ai été une nazie heureuse" à leur plus grand étonnement. Pour Otto, accusé de meurtre de masse,  c'est la fuite. Otto se cache dans les montagnes proche du lac de Zell, puis passe en Italie. Ses vacances à la montagne, randonnées et ski vont lui permettre de survivre dans des conditions extrêmes.



1948, Otto passe en Italie, à Bolzano. Il a vécu à Trieste dans son enfance (alors autrichienne). En 1944, il a représenté les nazis auprès de la République de Salo. Il a déjà une bonne expérience de la clandestinité après le putsch de 1934 contre Dolfuss, il a échappé aux poursuites en se cachant sous une autre identité en Allemagne. Et surtout,  une Filière ayant pour but de soustraire les anciens nazis aux poursuites judiciaires passe par Rome et le Vatican. Suivant cette Filière ils sont exfiltrés en Amérique du Sud, accueillis par Péron, entre autres, ou en Syrie. C'est l'enquête sur cette Filière qui donne le titre au livre. 



La lecture est haletante avec de nombreux rebondissements : un véritable thriller d'espionnage comme les écrivait John Le Carré. D'ailleurs, Le Carré n'est pas très loin, non seulement c'est un ami et un voisin de Sands, mais il était lui-même espion à cette période. Il apparait brièvement dans le livre. Il est question de la responsabilité du Vatican, de Pie XII, et d'ecclésiastiques de haut rang qui ont gardé une influence pronazie après la chute de Hitler. Il est aussi question du rôle trouble des services secrets américains qui ont recruté d'anciens nazis pendant la Guerre Froide. Agents doubles aussi travaillant pour les Soviétiques. 



Sands essaie de démêler la question très trouble du décès de Wächter : a-t-il été empoisonné? Et si oui, par qui? les Américains, les Russes ou les chasseurs de nazis juifs? L'enquête devient rocambolesque et pourtant toujours aussi étayée par des preuves irréfutables. La fin du livre devient addictive, je ne le lâche plus avant de lire le mot de la fin  (bien sûr je ne vous révèlerai rien).  



J'ai cependant préféré Retour à Lemberg à cause des notions de Droit International introduites au Procès de Nuremberg où j'ai appris beaucoup de choses. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Après une investigation minutieuse de 8 ans, Ph.Sands a écrit un livre riche en détails, en témoignages avec des photos portraits d'époque.

Le livre reprend l'ascension d'Otto van Wächter avocat autrichien adhérent "DeutschClub" (pro-allemand). L'arrivée d'Hitler au pouvoir va le pousser sur le devant de la scène. Impliqué dans l'adhésion de l'Autriche, il intègre les hautes sphères du pouvoir. A la fin de la guerre, il devient un fugitif dans le tyrol autrichien aux portes du Vatican pour y mourir en 1949.

Le récit est dense, intense avec une masse d'informations diverses qui dès fois demande une attention afin de pouvoir suivre le déroulement de l'histoire. L'auteur va enquêter sur les circonstances de ce décès et faire participer le lecteur. Une belle découverte pour la première fois du genre.
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La Filière est une enquête menée pendant huit ans par Philippe Sands sur le nazi Otto Wächter, jamais arrêté ni jugé après la seconde guerre mondiale mais décédé dans des circonstances étranges. De son entrée au partie nazi à sa mort, Philippe Sands retrace méticuleusement le parcours de cet homme, criminel de guerre qui a envoyé des milliers de juifs à la mort.



Le livre se découpe en quatre parties: de la jeunesse d’Otto à sa mort en passant par sa rencontre avec sa femme Charlotte et son ascendance fulgurante dans la hiérarchie nazie. On y découvre d’abord un homme instruit, brillant mais qui va rapidement adhérer aux idées d’Hitler. Sa femme Charlotte le suivra aveuglément dans sa folie. Ses six enfants verront en lui un père idéal et bienveillant qui n’a fait que son devoir en temps de guerre. Seul un des enfants, Horst, a collaboré avec l’auteur pour essayer de comprendre pourquoi et comment son père a pu commettre de telles exactions même si la vérité est très dure à entendre.



Le travail de Philippe Sands a été très minutieux et retrace chaque moment de la vie de Wächter. Plus surprenant encore, il a réussi à mener son enquête jusqu’au bout en découvrant comment Wächter est décédé. Il s’est appuyé sur des milliers de documents et de notes qui rendent compte de son travail titanesque.



C’était une lecture passionnante qui m’a plongé parfois au cœur de l’horreur la plus pure. Comment ces hommes, ces femmes, ont-ils pu adhérer sans réserve à l’idéologie nazie? La façon dont ils parlent des juifs dans leurs échanges est abjecte. Philippe Sands réalise ici un travail de mémoire important. Il faut aimer l’histoire c’est sûr et le style très journalistique mais il est vrai que l’auteur a un talent de conteur-né pour nous raconter cette vie tumultueuse d’un homme devenu l’un des plus grands criminels de guerre.



Philippe Sands a réussi là un tour de force avec ce livre captivant qui retrace la vie d’un des plus hauts dignitaires nazis jamais jugé.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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La filière

Il s’agit de la poursuite de l’enquête ouverte par Phillipe Sands avec Retour à Lemberg (2017). Le sujet de ses recherches dans cet ouvrage, est un couple de nazis de la première heure (1923) Otto et Charlotte van Wächter, ambitieux, cultivés, amoureux, sans état d’âme. Otto deviendra très jeune, haut dignitaire nazi, gouverneur de Cracovie puis du district de Galicie. Les relations amicales du couple seront elles-aussi parmi les plus féroces criminels nazis, jusqu’au parrain du plus jeune de leurs six enfants, qui sera jugé à Nuremberg et exécuté.

Phillipe Sands, cherche la filière qui a permis à ces criminels de fuir en Amérique du Sud en passant par l’Italie et organisée par le Vatican. Bon, cela se passera mal pour Otto puisqu’il mourra en 1949 après quelques périples, d’une maladie mystérieuse et foudroyante qui fait beaucoup penser à un empoisonnement. Horst, le benjamin de la fratrie du couple, accepte de confier tous les papiers légués par Charlotte Wächter. Ils retracent l’histoire de leur famille, de la rencontre des amoureux, de la montée de l’ambition du couple et du jeune homme dans l’appareil nazi, des vols et spoliations auxquels le couple se livre, de la naissance des enfants, des avortements comme punitions pour les coups de canifs dans le contrat conjugal, de l’amour qui toujours les unit, jusqu’à la mort du père dans les bras de l’évêque Aloïs Hudal à Hôpital Santo Spirito .

C’est cette enquête, patiente et méticuleuse qui aura demandée huit ans à l’auteur qui parvient à la rendre passionnante malgré sa rigueur. Ce qui en fait l’originalité, selon moi, c’est que nous voyons l’Histoire avec un grand H, du point de vue des bourreaux, les victimes sont en toile de fond, muettes et tellement présentes.

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La filière

Merci William pour ce livre que j’attendais avec tellement d’impatience. Gros coup de cœur pour ce livre qui se déguste lentement savourant chaque information distillée au fil des pages. La qualité de ce texte, les recherches, les sources, l’écritures sont passionnants rendant cette histoire la plus complète et détaillée possible. Personnellement, je pense qu’il vaut mieux commencer par le précédent livre de l’auteur puisque celui-ci le mentionne régulièrement, je l’ai plus vu dans la continuité de « Retour à Lemberg ». J’ai noirci des pages et des pages au fil de ma lecture, tellement on apprend des choses méconnues. Ma passion pour la Seconde Guerre mondiale est toujours aussi enivrante et enrichissante.



Ce livre de 500 pages environ comporte un peu plus de 80 pages complétant une enquête minutieuse et passionnante (notes, sources, bibliographie, table des matières, index…).



Philippe Sands entraîne ses lecteurs dans une enquête sur Otto Wächter et sa mort des plus mystérieuses. Au fil de ses recherches, l’auteur brosse un portrait de toutes les personnes de l’entourage d’Otto et l’importance de sa femme dans sa fuite vers l’Amérique du Sud.



De la Seconde Guerre mondiale à la Guerre Froide, entre passé et présent, l’auteur dévoile le fil rouge de son enquête à travers le monde pour rencontrer des proches des Wächter, des témoins, des spécialistes et utiliser des documents lui permettant de retracer l’histoire d’un homme insaisissable. Articles, films, documentaires, podcast… Ce livre rappelle l’énorme travail réalisé par Phillipe Sands sur Otto von Wächter grâce à l’aide d’Horst Wächter, l’un de ses fils détenteur des journaux intimes et de la correspondance de sa mère Charlotte von Wächter. Un fils qui tout au long du récit défendra ce père méconnu tout comme l’a fait sa mère tout au long de sa vie.



Charlotte a une importance non négligeable dans la vie d’Otto, de sa rencontre avec celui qui deviendra son mari à ses opinions politiques allant jusqu’à lui autoriser ses liaisons. Une femme de caractère, très indépendante qui vouait un amour inconditionnel à son mari et sachant utiliser son réseau de personnalité mondaine pour aider son époux dans sa fuite.



L’origine de ce livre, les raisons qui ont poussé l’auteur à s’intéresser à ce haut dignitaire nazi en particulier, la jeunesse d’Otto, sa vie familiale, son ascension dans le IIIème Reich, la fin de la guerre, sa fuite pour échapper à ses crimes et sa mort des plus mystérieuses aboutissant aux nombreuses hypothèses sur la mort de ce criminel de guerre dont Philippe Sands apporte la conclusion d’une enquête hors norme.



Récit fluide alternant entre passé et présent permettant de suivre l’enquête de l’auteur et ses avancées permettant de reprendre le fil de l’histoire des von Wächter.



Le seul point négatif mais compréhensible dans un livre toutes les informations et tous les noms des personnes qui font qu’on a du mal à suivre. Il n’en reste pas moins un ouvrage excellent pour approfondir ses connaissances sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.



Difficile de s’y retrouver tant les informations et les personnes sont nombreuses mais l’histoire de ce couple envers et contre tous est aussi passionnant qu’intriguant. Au fil de l’enquête, l’histoire d’Otto et Charlotte prend vie avec leurs peurs, leurs doutes, leurs secrets, le danger et un amour par-delà la mort.



L’intérêt de cette enquête est le fait de rentrer dans l’intimité de la vie et de la survie d’un dignitaire nazi, de sa gloire à sa déchéance et du déni d’un fils pour les crimes de guerre de son père méconnu…



Politique, contre-espionnage et corruption régentent cette enquête qui brosse un portrait détaillé des personnalités entourant la mort suspecte d’Otto Wächter dans un contexte historique et géopolitique très détaillé.



Entre passé et présent, Philippe Sands retrace le parcours d’un criminel nazi en fuite et d’une mort des plus énigmatiques !



Philippe Sands lève le voile sur la mort mystérieuse d’un criminel de guerre en fuite et plonge dans l’intimité de son histoire !



Une traque fascinante au cœur du régime nazi et d’un des responsables d’un génocide hors norme !



Un livre percutant qui marque les esprits !
Lien : https://leboudoirdulivre.wor..
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La filière

Excellente enquête sur le parcours d'un dirigeant nazi important, de son ascension du pouvoir à sa déchéance après guerre. Mais au delà de son parcours, l'auteur nous fait découvrir toute l'ambiguïté de la réal politik d'après guerre, avec le passage de la lutte contre le nazisme au combat entre l'est et l'ouest. Dans les deux cas tous les coups sont permis, et si la version officielle est la lutte du bien contre le mal, les coulisses sont beaucoup plus noires et ambiguës. Enfin l'auteur aborde aussi le problème de l'après nazisme en Allemagne et en Autriche, dans la société, dans les familles.

Si l'enquête est fouillée et passionnante, l'écriture est de qualité. Bravo à Philippe Sands.
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La filière

Si ce livre, n’est pas écrit par un auteur allemand, le sujet concerne bien l’Allemagne, il trouve donc, selon moi, parfaitement sa place dans le mois de littérature allemande. Cette enquête est passionnante, Philippe Sand cherche à comprendre la personnalité de Otto von Wächter et de sa femme Charlotte, deux nazis de la première heure. Otto est responsable de la mort d’au moins 300 000 juifs et de milliers de Polonais. Son fils Horst, en 2013, est persuadé que son père ne peut pas avoir commis ces crimes abominables, ce fils veut absolument que la lumière soit faite sur le passé de son père. Il a été en grande partie élevé par sa mère (puisque son père meurt en 1949) qui elle, n’a pas voulu pas savoir la vérité mais elle la connaissait très bien et qui a construit une fable positive sur un des pires criminels nazis. Un des grands intérêts de cet essai, tient la personnalité du fils . Il est touchant d’être aussi partagé entre l’amour de son père et la réalité qu’il ne veut pas voir.



L’autre partie de l’enquête concerne la fuite de ce nazi et des protections catholiques dont il a bénéficié. L’auteur va chercher dans toutes les archives le moindre détail ce qui s’est passé pour Otto de 1945 à 1949. Il est d’abord resté en Autriche dans la montagne avant de passer en Italie pour finir dans un couvent à Rome. Il mourra de façon brutale et son fils sera persuadé qu’il a été empoisonné par les Soviétiques ou les Américains et cette idée lui fait du bien car cela laverait un peu l’honneur de son père. Quelles que soient les preuves que Philippe Sand met sous les yeux du fils celui-ci restera convaincu que son père ne pouvait pas être un criminel de masse. Toute la famille von Wächter, une grande famille noble autrichienne, en voudra beaucoup à Horst d’avoir collaboré à cette enquête. C’est très intéressant de voir à quel point l’Autriche a été le berceau du nazisme alors qu’après la guerre ce pays a rendu l’Allemagne responsable de cette idéologie meurtrière. D’ailleurs aujourd’hui encore la famille a des réactions antisémites, une des tantes se scandalisera qu’un des descendants de la famille travaille sous les ordres d’un juif !



Seule une des petite fille finira par déclarer :



Mon grand-père était un meurtrier de masse



Cette phrase clos le livre.



La personnalité de Charlotte et ses actions sont au moins aussi intéressantes que la vie de son mari , elle n’a jamais été inquiétée alors qu’elle est au moins une voleuse et elle a, entre autre, pillé le musée de Cracovie. C’est d’ailleurs en revendant des œuvres volées qu’elle a réussi à envoyer de l’argent à son cher mari en fuite. Et après la guerre, elle soutiendra toujours le nazisme . Ni son mari ni elle n’ont eu le moindre remord pour l’extermination des juifs dont ils ne veulent pas être responsables alors que l’idéologie qu’ils ont soutenue jusqu’à leur dernier souffle est bien la seule responsable de cette horreur.



J’ai admiré sans aucune réserve la qualité des recherches de cet écrivain, comme il a dû se confronter à la personnalité attachante du fils, il a été amené à vérifier le moindre détail et s’il n’a pas convaincu Horst vin Wärchter, il ne laisse aucune place au doute à son lecteur.



Oui, Otto von Wächter est bien un criminel de masse qui aurait mérité la pendaison.

Oui, l’église catholique a bien créé des filières d’évasion pour les nazis

Oui, la CIA le savait mais comme il a fallu très vite organiser une défense contre la montée en puissance des Russes et que la guerre froide s’organisait, les américains ont repéré mais peu inquiété à partir de 1947 les cadres Nazis.
Lien : https://luocine.fr/?p=15505
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La filière

Après ma lecture de Retour à Lemberg, j'ai souhaité lire La filière, qui retrace la fuite et la vie d'un des dignitaires nazis responsable de la solution finale envers les Juifs, l'Autrichien Otto von Wächter. L'auteur, l'avocat international Philippe Sands, est un enquêteur hors pair (avec une équipe de chercheur.e.s de choc) pour reconstituer les intrigues du régime nazi lors de la 2nde Guerre mondiale. Chez l'avocat international, pas de jugement (et pourtant des membres de sa famille sont morts dans les camps...). Notamment envers Hans Wächter, l'un des fils d'Otto, qui relit les informations documentées par l'auteur, à charge pour son père, comme des éléments qui le disculpent... Et sa mère, Charlotte. Philippe Sands relate. Et la lectrice que je suis est plongée dans l'incompréhension: comment peut-on s'engager dans cette oeuvre de destruction humaine massive, sans affect, sans remords? Les circonstances de la mort d'Otto von Wächter posent question: celui qui fuyait la justice des hommes n'a-t-il pas succombé sous une justice qui nous dépasse ?

Curieuse, j'ai aussi écouté le podcast France Culture réalisé par Philippe Sands, qui a rajouté des touches sonores informatives passionnantes

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-filiere

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La filière

Quand il travaillait sur Retour à Lemberg, Philippe Sands a fait la connaissance de Horst Wächter, fils de Otto von Wächter, et il a commencé à enquêter sur ce dernier. Autrichien, Otto von Wächter (1901-1949) a adhéré au parti nazi dès 1923. Après l'Anschluss il monte rapidement en grade et occupe différents postes de commandement, à Vienne, à Cracovie puis à Lemberg où il est chaque fois chargé des politiques anti-juives et s'en acquitte avec efficacité. Après la défaite des nazis Otto von Wächter se cache dans les Alpes autrichiennes pendant près de trois ans. Il est à cette époque l'un des chefs nazis les plus recherchés par les Alliés. En 1949 il passe en Italie grâce à des faux papiers fournis par sa femme. A Rome il bénéficie de complicités et prépare son départ pour l'Amérique du Sud mais meurt avant de pouvoir réaliser ce projet.



Pour écrire la biographie d'Otto von Wächter Philippe Sands a eu accès aux archives personnelles de Charlotte, la femme d'Otto. Journaux intimes, courriers entre les époux, bandes enregistrées, tous ces précieux documents ont été confiés à l'auteur par Horst Wächter avec qui Philippe Sands a noué une relation de confiance. Charlotte von Wächter apparaît comme une parfaite femme de nazi, parfaite nazie elle-même. Elle est tellement représentative que j'ai cru un moment la reconnaître comme une des protagonistes de Femmes de nazis. Mais non. Elle me fait aussi penser à Josée Laval, seulement intéressée par la vie mondaine qu'elle mène grâce à la position de son mari (son père dans le cas de la fille Laval) : "Les déjeuners de vingt personnes étaient parfois suivis de thés où se retrouvaient quarante invités. Dans la mesure où la ville [Lemberg] était sur la route du front russe, les gens pouvaient faire une halte chez eux : la guerre devenait ainsi un catalyseur d'événements mondains".

Charlotte est par ailleurs très amoureuse de son mari ce qui contribue aussi à la rendre totalement aveugle aux crimes auxquels il participe.



Philippe Sands a mené l'enquête à Rome sur les filières d'exfiltration de nazis. Il y met à jour le rôle actif de l'Eglise catholique, notamment en la personne de l'évêque nazi Aloïs Hudal. Après la guerre cet Autrichien a fourni gîte, argent et faux papiers aux nazis réfugiés à Rome, il en a aidé à passer en Amérique du Sud comme par exemple Franz Stangl, le commandant de Treblinka. Je découvre qu'à la fin des années 1940, dans le contexte des débuts de la guerre froide, des nazis sont aussi recrutés par les services du contre-espionnage américain. Dans l'optique de lutter contre le communisme ("Les ennemis de mes ennemis sont mes amis") on ferme les yeux sur leurs crimes et on leur fourni une nouvelle identité. Les Allemands appellent cela le Persilschein (du nom de la lessive) qui lave plus blanc que blanc. L'auteur prouve que les Américains ont été au courant de la présence d'Otto dès son arrivée à Rome mais qu'ils n'ont rien fait pour arrêter ce criminel de masse, en théorie activement recherché.



Après le père et la mère Philippe Sands côtoie -et lui en chair et en os- un fils de la famille Wächter, Horst. Ce vieux monsieur affable et accueillant avec qui l'auteur a sympathisé a très peu connu son père. Il a été élevé par sa mère et son grand-père -qui a fait office de père de substitution- tous deux convaincus de l'innocence d'Otto. Aussi, tout en affirmant vouloir connaître toute la vérité sur les crimes dont son père est accusé -et sans doute le croit-il vraiment- Horst s'est enfermé dans un déni de plus en plus profond, assez fascinant à observer. Il arrive à trouver une explication édulcorante à toutes les preuves, même les plus incriminantes, que lui présente l'auteur. J'admire ce dernier qui reste très patient -il confesse cependant s'être énervé une fois.



L'enquête menée par Philippe Sands sur plusieurs années a débouché (avant le livre) sur un documentaire -What our fathers did. A nazi legacy- que je n'ai pas vu et un podcast disponible sur Radio France -que j'ai écouté en suivant la lecture du livre. J'ai trouvé l'un et l'autre passionnants et se complétant bien. Ce ne sont pas les mêmes points qui sont détaillés dans le podcast que dans le livre, il n'y a pas de redondance. Si Retour à Lemberg qui traite de points de droit international était parfois un peu technique, La filière est d'une lecture beaucoup plus accessible.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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La filière

Voilà un livre d'Histoire qui se lit comme un polar.

L'auteur mène l'enquête et après nous avoir présenté les faits, la vie et la mort de l'un des SS coupable de Crime contre l'Humanité, il nous explique sa rencontre avec le fils de ce nazi qui défend son père contre toutes les accusations qu'on lui présente. Le reste du livre est la narration d'une enquête rondement menée, avec son lot de rebondissement et de références historiques.

J'ai particulièrement apprécié le style de l'auteur qui nous emmène au travers des chapitres à la découverte du système de la Filière, moyen utilisé par les nazis pour rejoindre l'Amérique du sud sous couvert des services secrets américains, prêts à recruter des nazis pour lutter contre les communistes.

Passionnant, du début à la fin.
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La filière

« La filière » est le fruit du travail colossal – près de 8 ans – de l’auteur, juriste et écrivain, et de son équipe de recherche. Le résultat est assez déroutant et particulièrement dense. Il entrecroise les éléments de biographie d’Otto Wachter et de sa famille avec les éléments qui ont constitué le processus de recherche de l’auteur pour comprendre les circonstances de son parcours et de son décès. Si sur la forme le résultat est par moment un peu indigeste, sur le fond, il est tout à fait fascinant. Plus de 70 ans après les faits, le parcours de cet ancien nazi s’éclaire et les révélations s’enchaînent. Le regard de ses descendants est très intéressant à découvrir, entre volonté de garder une image idéalisée de l’ancêtre, refus de voir les choses en face et difficultés à assumer un héritage non désiré et sur lequel on n’a finalement pas de prise. Une problématique qui ne se limite pas à cette famille en particulier d’ailleurs. Le livre nous éclaire enfin sur les collusions qui ont pu naître après la fin de la seconde guerre mondiale, et même au cours des derniers mois du conflit, sur fond de lutte contre la menace communiste. Elles ont pu permettre à des crminiels de guerre de bénéficier de soutiens et d’appuis de la part de l’Eglise et des pouvoirs politiques, américains notamment, pour fuir grâce à des filières d’exfiltration. Quand ce n’était pas pour bénéficier d’offres de services des ennemis d’hier.



Un livre édifiant porté par un travail de recherche et de documentation colossal !
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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La filière

J'ai été emporté par cet opus, après "Retour à Lemberg".

Philippe Sands part à la recherche des traces d'Otto Wächter, criminel de guerre nazi, en fuite après l'effondrement du nazisme et mort en 1949 à Rome, recherche effectuée à la demande d'un de ses fils Horst qui aimerait réhabiliter la mémoire de son père.

Cette recherche avance peu à peu au gré des rencontres, des documents découverts et confirme finalement que Otto Wächter était bien le criminel supposé ; un vrai thriller historique.

Livre d'autant plus passionnant que l'auteur nous présente toutes les étapes de sa quête progressive, passant de la relation historique aux péripéties de sa recherche actuelle, une sorte de "work in progress", de livre en train de se faire.

Peu à peu apparaît également un autre centre d'intérêt, (comme dans "Le grand Meaulnes" le personnage dont tout dépend n'est pas Meaulnes, mais le narrateur François, lequel d'ailleurs épousera Geneviève de Gallais !) : cet autre centre d'intérêt qui est peut-être le coeur de l'ouvrage. En effet, Philippe Sands dresse, à côté de celui d'Otto Wachter, un autre portrait beaucoup plus nuancé et fort intéressant : celui de son fils Horst. Celui-ci semble pris entre son attachement filial, son désir de protéger la réputation de son père, mais ne manque cependant pas d'offrir à Philippe Sands toutes les occasions de détruite l'image de ce père, comme s'il était tout aussi obsédé par la recherche de la vérité et qu'il ne voulait pas se l'avouer. C'est un personnage en définitive d'une grande honnêteté, même s'il faudra attendre la génération suivante pour accepter l'horrible réalité. C'est ce personnage qui m'a, dans ce livre, le plus fasciné.
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