O tendre printemps …
O tendre printemps, fais que ton pas se hâte,
Et, cette fois, viens encore plus tôt que de coutume !
Toi qui nous guéris quand notre cœur est serré,
Et dont le doux remède toujours nous guérit !
Oh ! si je pouvais déjà au profond même de ta fleur,
Quand à peine le jour arde à l’horizon,
Et jusqu’à ce qu’enfin il se dissipe dans le couchant,
Vivre de pleurs et sans vœu ni prière !
Ton clair soleil flammant dans le bleu,
Je lèverais les yeux vers le haut, étendu parmi l’herbe,
Et ce me semblerait comme si j’admirais mon ami !
C’est alors que mon regard inclinerait ébloui,
Je sommeillerais jusqu’à ce que les étoiles brillent,
Et endormi me réconforterais de son image
1826
//Traduit de l’allemand par Dominique Le Buhan et Eryck de Rubercy
Je n'avais encore à l'époque aucune idée de ce qu'une relation coupable pût exister entre deux hommes, sinon cette pensée m'aurait peut-être effrayé. Quelque temps plus tard, je trouvai en effet évoqué dans plusieurs récits l'amour entre hommes et j'offris bientôt à mon attention ce sujet, car au cours des années passées il m'avait totalement échappé lors de ma lecture de Plutarque. Mais même à ce moment j'ignorais encore que le plaisir des sens pût y être en jeu ; ce funeste secret ne me devint évident que par la lecture de quelques livres obscènes de Piron que j'eus entre les mains en France. Mais jamais le désir n'a entaché mon penchant pour Fédérigo.