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Citation de neluay


Aurélie Haderlé
- Imaginons que vous adoptiez un chiot. Il ne pense qu'à s'amuser. Vous le punissez en le battant et en le privant de nourriture s'il commet des bêtises. Il finit par comprendre que vous ne le gardez prés de vous que s'il reste dans le cadre que vous avez défini pour lui. Vous êtes plus intelligente que lui, vous commandez, vous êtes en mesure de le nourrir et de veiller sur lui, c'est l'ordre des choses. En échange, il doit vous servir, sinon, il n'y a aucune raison valable pour que vous vous embarrassiez d'une bouche inutile. Devenu adulte, le chien vous admire et vous aime parce que vous êtes sévère avec lui. Il sait que vous êtes en mesure de le punir, mais parce que vous lui prodiguez le cadre de vie dont il a besoin et dont il a peur d'être privé. Il vous suit partout parce que, sans vous, il n'existe pas.
Eulalie est assommée par ce discours. Elle s'affale sur la chaise. Oton s'approche du bureau dont il caresse le cuir vert à l'aide de sa baguette dans un geste presque sensuel.
- Laissez le chien vous mordre, et il retournera à ses premiers instincts. Relâchez-le, et il deviendra une bête sauvage inutile dont les loups ne veulent pas. Les ouvrières, c'est pareil. Elles ont besoin d'un cadre, sans vous, elles n'ont ni volonté, ni projet, ni ambition. Si vous ne les commandez pas, elles retournent à leurs instincts les plus vils. Si vous ne les battez pas, elles n'ont pas peur de vous et elles n'obéissent pas. Si vous laissez un chien manger quand il lui sied, il se goinfre jusqu'à se rendre malade parce qu'il ne sait pas se rationner en prévision du lendemain. Il ne sait pas ce qui est bon pour lui. Si vous donnez trop d'argent aux ouvrières, elles s'achètent des fanfreluches et des pompons parce qu'elles ne savent pas épargner. Vous seule savez ce qui est bon pour elles. Comme les chiens, elles ne peuvent pas vivre en dehors de la société. Comme les chiens, elles ont besoin d'êtres dressées pour remplir leur fonction. Si vous donnez un coup dans le flanc d'un chien parce qu'il vous a manqué de respect, vous ne le brutalisez pas : vous faites cela pour son bien. Il en va de même pour vos ouvrières.
Eulalie a la gorge serrée. Une grande tristesse l'envahit. Oton sait que sa démonstration est imparable.
- Et puis, si vous êtes prospère, insiste Oton, portant le coup de grâce, vous pouvez continuer à acheter tout ce dont l'atelier a besoin quotidiennement pour continuer à tourner. Ainsi, vous procurez du travail à toutes ces femmes qui peuvent à leur tour faire vivre leurs familles avec leur salaire. Vous avez une grande responsabilité : vous employez la moitié des femmes du village. Si vous faites banqueroute, vous ruinez Callune. (page 128-129)
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