Babor Lelefan

Amis du bon goût, copains de zygomatiques, passez votre chemin : la vache est dans le pré, champ de bouses à l’horizon ! Les « éditions Lapin » frappent bien bas avec cet ouvrage visiblement publié dans une optique purement commerciale: surfer sur la petite vague de Twitter. Ils confirment ici un sentiment croissant concernant les publications tirées d’internet : tout n’est pas voué à être publié. Laissons les détritus à la poubelle. Le tri sélectif sauvera la planète.



Voilà donc que les éditions Lapin nous se mettent à tronçonner des arbres, abattre des forêts, grignoter l’espace sauvage, dans le but de nous faire découvrir un duo d’artistes. Ils aurait pu rester sur la toile, mais non, ils sont tellement bons qu’il faut les promouvoir, les mettre dans la lumière, immortaliser leurs oeuvres.



L’humour salace, je connais. Robert Crumb, Ralf König, Jonathan Munoz, Charles Burns, Daniel Clowes, Reizer, Wolinski.

L’humour trash, je côtoie, et des bons. Robert Crumb, Ralf König, Jonathan Munoz, Charles Burns, Daniel Clowes, Reizer, Wolinski.

La BD dérangeante, je maîtrise, et des meilleurs encore : Robert Crumb, Ralf König, Jonathan Munoz, Charles Burns, Daniel Clowes, Reizer, Wolinski.



L’humour nul, c’est plus rare. J’avais bien croisé Thierry Vivien et ses parodies de StarWars dans « La Guerre du retour contre attaque », mais il y avait tellement de pages, qu’au final, quelques gags prêtaient à sourire, la profusion sauvant un peu la piètre qualité.

J’ai croisé aussi l’inégalable « Béba, les 100 pipes » de Roberto Baldazzini, d’une insondable viduité, mais le caractère pornographique de l’ouvrage pouvait parler à certains évacuateurs précoces.



Là. Non seulement c’est nul, mais rien ne sauve rien. La lassitude nous enlace vitesse grand V, le livre nous tombe des mains. Le mauvais goût embrasse l’irrespect. On est en peine de trouver le moindre trait d’esprit, tant c’est pauvre. Pas drôle. Pas bon. Pas à faire. Pas à vendre. Pas à lire.