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Citation de vedla77


Badroudine  Saïd  Abdallah
Un studio de radio est un monde dans un autre. Une bulle de temps, où chaque seconde est primordiale, où rien n'est à jeter. Parler à la radio, c'est une façon d'être un autre soi. Ou d'être soi, en mieux. C'est aussi une façon de s'adresser à quelqu'un, à un amour proche ou lointain, à un coeur seul, et à d'autres. Tu imagines ce qu'ils sont en train de faire, la nuit, quand ils t'écoutent, tu imagines un trajet, la destination où tu les accompagnes, tu imagines ces moments d'intimité où tu continues à parler, et eux qui marchent ou qui volent.
La radio, c'est une routine, le rouge qui s'allume, chaque nuit à la même heure, même seconde. Et l'inconnu. Je ne sais jamais ce qui peut m'arriver. Une antenne libre, c'est l'amour du vide. D'un saut sans élastique. Alors, je m'installe, mon micro s'allume, derrière la vitre, il y a deux techniciens et une assistante qui reçoivent les appels, et j'attends. Je dis, allô, comme je dirais adieu. Premier appel, cette nuit-là. Une dame, en détresse. Son mari a disparu, un peu trop vite. Sa fille, évadée. Elle, seule, sans chaleur. Au téléphone, sa voix est au niveau trois. Le niveau quatre équivaut à une désespérance mitigée. L'échelle compte six échelons. L'échelon six étant l'alerte rouge, le suicide à redouter. J'ai commencé à compter en échelons quand j'ai entendu la mort dans la voix des gens pour la première fois.
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