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Citation de Uzbek


CHAPITRE UN
Comment Uzbek naquit et ce qu'il apprit en sa jeunesse



Uzbek vit le jour pour la première fois au mois de février, et bien que la planète se réchauffât, il neigeait ce jour-là, si bien qu'il ne vit de la vie qu'un large brouillard blanc d'où surgissaient parfois les formes vertes de sa mère et des sage-femmes.

C'était un enfant que Dieu, le diable ou la nature génétique avait créé bien-portant : aussi, à peine né, eut-il faim.
Cela ne semble de rien, mais en ce jour de fin de siècle, avoir faim le plaça d'emblée dans une situation délicate, pour ne pas dire désespérée. En effet, les médecins de tous âges et acabits, réunis en congrès, avaient décidé que l'enfant nouveau-né ne pouvait avoir faim de plus de cinq biberonnets. Le cinquième essuyé, encore bleu de la froidure – régnant, il faut le dire, pour sa santé future -, Uzbek pleura.
Il pleura de toute la force de sa petite âme liée à son petit corps menés tous deux par la même volonté : continuer à vivre, puisque c'était cela qu'on venait de leur proposer. Il pleura encore et encore, au point que la sage-femme en chef décida que l'enfant avait nécessairement un problème stomacal et lui asséna une potion plus qu'amère.

L'enfantelet réagit en augmentant le volume de ses pleurs, le médecin pédiatrologue fut en urgence quis et requis. Le digne homme, des plus savants, décoré de toutes les universités de France, Navarre, États-Unis et Moldavie, constatant le caractère obstiné du bébé présenté en déduisit qu'il avait le colon percé – ce qui expliquait l'aigu de ses cris. La mère affolée se répandit en larmes, de désespoir comme de joie à l'idée qu'il serait sauvé, et si elle l'avait pu, aurait baisé les mains et les pieds du savantissime qui donnerait vie une seconde fois à son enfant joli.
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