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Citation de PhilippeKadic


Le dimanche, à l'heure du prêche, le [frère] Antón Montesinos monta en chaire et prit pour sujet et fondement de son sermon, qu'il avait mis par écrit et fait signer par les autres : « Ego vox clamantis in deserto ». Quand il eut fait son introduction et dit quelques mots relatifs au temps de l'avent, il commença à dénoncer la stérilité du désert des consciences des Espagnols de cette île et l'aveuglement dans lequel ils vivaient ; dans quel danger d'être damnés ils étaient, en ne voyant pas les gravissimes péchés dans lesquels, avec une telle insensibilité, ils étaient continuellement plongés et dans lesquels ils mouraient. Puis il revient sur son sujet, et dit : « […] Dites, de quel droit, et au nom de quelle justice tenez-vous ces Indiens dans une si cruelle et si horrible servitude ? De quelle autorité avez-vous fait de si détestables guerres à des gens qui vivaient inoffensivement et pacifiquement dans leurs pays, et que vous avez, par des morts et des massacres inouïs, anéantis en nombre infini ? Comment pouvez-vous les opprimer et les épuiser ainsi, sans leur donner à manger ni les soigner lorsqu'ils sont malades, à cause des travaux excessifs que vous leur imposez, et qui les font mourir, et il serait plus juste de dire que vous les tuez pour extraire et acquérir de l'or chaque jour ? Et quel souci avez-vous de les faire évangéliser, et qu'ils connaissent Dieu leur créateur, qu'ils soient baptisés, entendent la messe, et sanctifient les fêtes et les dimanches ? Ces gens ne sont-ils pas des hommes ? N'ont-ils pas une âme rationnelle ? N'êtes-vous pas obligés de les aimer comme vous-mêmes ? Ne comprenez-vous pas cela ? Ne le sentez-vous pas ? Comment pouvez-vous être plongés dans un si profond sommeil, dans une telle léthargie ? […] »
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