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Citation de Charybde2


Le fameux « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » se résume trop souvent à une posture tant les héros pop ont rarement à se préoccuper des conséquences de leurs choix. Ils préservent ainsi notre soutien inconditionnel et leur morale naïve, bien qu’ils se comportent de manière inconséquente, à savoir en dépit de toute logique, mais aussi avec frivolité et désinvolture. Dans les grandioses courses-poursuites d’un James Bond et autres héros de films d’action, les gentils foncent à toute berzingue au milieu de rues bondées à la poursuite des scélérats, et ce sans jamais provoquer d’accidents mortels ni faucher d’innocents passants, doués d’une capacité d’esquive infaillible. Cela tient à chaque fois du miracle, mais on admet ce code du genre car, avec les héros, tout est miraculeux ! Et tant mieux, car personne ne cherche dans ce type de fictions un quelconque réalisme ! La pureté morale tient beaucoup à ce genre de ficelles, sans lesquelles l’héroïsme deviendrait une discipline plus épineuse. Que ressentiriez-vous envers James Bond s’il percutait soudainement un mère et son enfant au détour d’une rue ?
De même, lors des fusillades caractéristiques du genre, l’environnement se transforme en champ de bataille sans la moindre bavure. Il peut toutefois arriver qu’un innocent prenne une balle perdue, mais elle viendra nécessairement du méchant. Les comic books classiques nous demandent quant à eux d’admettre que leurs combats cataclysmiques en plein centre urbain entraînent rarement des victimes collatérales : cela fait partie du jeu, de la suspension volontaire d’incrédulité. Pourtant, il y aurait de quoi être incrédule, mais ça gâcherait le spectacle. Il est attendu qu’un super-héros traversant un immeuble sous les coups de son adversaire n’en ressorte pas couvert du sang de ceux qui s’y trouvaient? Il suffit de ne pas le montrer, de ne pas en parler ou – encore mieux – de faire en sorte que le héros sauve quelques badauds des conséquences de son propre combat.
Quand certaines œuvres décident de ne pas appliquer cette règle implicite, elles détournent les codes, cherchent à les questionner et assument un ton plus « adulte », ou provocateur. C’est l’approche des films DC Comics de Zack Snyder, qui se veulent plus sombres, ou de BD critiques du genre super-héroïque comme The Boys ou Invincible explorant ces enjeux collatéraux. Dans les comics Banner et Ultimates, les transformations de Hulk provoquent des centaines de victimes, ce qui pousse Bruce Banner dans un cas à essayer de se suicider, et dans l’autre à passer en procès. Le crossover Civil War explore quant à lui l’encadrement étatique des super-héros suite à un affrontement aux conséquences dramatiques pour les civils.
Faire assumer les conséquences fâcheuses de leurs actes aux héros apporte un réel intérêt narratif en déjouant nos attentes et ajoute une tension morale. La série animée Netflix Arcane se devait d’offrir au public une scène spectaculaire où les personnages du jeu vidéo dont elle est adaptée (League of Legends) usent de leurs pouvoirs iconiques. Cette dernière se conclut par la mort accidentelle d’un gamin sous l’arme d’un des protagonistes, venant donner de l’épaisseur à ce qui aurait pu n’être qu’une démonstration inconséquente de violence gratuite mais jouissive. Ces choix font d’Arcane une œuvre pop où les rôles de méchants et de gentils se retrouvent plus brouillés qu’à l’ordinaire, notamment dans leur approche du syndrome Magneto.
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