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Citation de giridhar


Premier Contrat






Depuis dix minutes, quelques flocons voltigent au gré de la bise du nord, et se liquéfient en touchant terre. Si le thermomètre descend de trois ou quatre degrés la nuit prochaine, c’est le manteau de neige assuré pour demain matin.
Assis sur une des vieilles banquettes du bistrot, dans le recoin le plus obscur, Laurent fixe, à travers les vitres sales, les flaques d’eau qui s’étendent inexorablement, le regard perdu dans une rêverie sombre qui plisse son jeune front. Ses doigts fins caressent machinalement la tasse de café vide.
Horreur du froid, de l’hiver, de la grisaille dans la ville et dans sa vie, de ce bistrot pouilleux, aux comptoirs usés par les milliers de bras crasseux qui s’y sont affalés. Un patron fatigué, à l’image de son troquet, arpente le parquet vermoulu d’un pas lent, lourd et résigné…
Pourquoi diable avoir choisi ce recoin de cauchemar comme lieu de rendez-vous ? La réponse est évidente : discrétion ! Mais est-elle logique ? Laurent n’a pas osé aborder ce sujet la veille, lors de la première rencontre. Ou peut-être n’y a-t-il pas pensé. Qu’importe ? Dans vingt-quatre heures, si tout se déroule comme prévu, ses yeux se perdront dans le bleu profond de la Méditerranée. Sur les plages de sable doux qui chantent la fête, les vacances et la liberté. Loin de ces taudis minables de banlieue parisienne qui empestent les ordures, la crasse et la misère.
Il est indispensable que tout se passe bien ! Il frissonne en voyant surgir devant ses yeux l’image du messager, rencontré pour la première fois, hier, à la même heure. Un visage glacial, hideux, qui semblait appartenir à une race inconnue, quasiment extra-terrestre. Il était soudain là, planté face au jeune homme, sans qu’un bruit ait trahi son approche. Quelle angoisse…
Pourvu qu’aujourd’hui ce soit quelqu’un d’autre ! Les yeux de Laurent quittent brusquement la rue et sa rêverie, pour scruter l’obscurité de la salle. Un soupire de soulagement s’échappe. Pas encore de vision cauchemardesque. Les mêmes consommateurs qui occupaient l’espace à son arrivée. Trois vieux habitués, juchés sur des tabourets branlants, échangent de vagues considérations sur le monde. Là-bas, à l’autre extrémité, un couple d’amoureux qui se dévorent de la bouche et du regard.
Il est quinze heures trente.

A suivre………………..
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