"Je clamais la thèse de l'évolution sociale par la féminisation des hommes et la masculinisation des femmes, de telle sorte que la passion amoureuse implique profondément l'amitié entre les sexes." (p. 52)
Mais j'étais également la fillette, celle qui pleure pour un rien. Dans ce collège où aucune fille n'avait le droite de cité, tout me ramenait toujours au sexe opposé et je ne comprenais pas pourquoi. Les garçons, d'après eux, ne pleurent jamais.
"Je ne pouvais que définir ma rencontre avec Daniela telle la bénédiction de ma destinée." (p. 23)
Et d'ailleurs, quel courage aurait pu traverser quiconque à évoquer une telle sexualité sans être rattrapé par la censure? La loi nous l'interdisait. En l'occurrence l'église catholique. Et comme le pays était à 90% catholique, cela ne pouvait pas passer. L'Afrique de mon enfance se proclamait donc "puritaine" en évoquant le célèbre Lévitique (Chap. XX n°13) "Tu ne coucheras pas avec un mâle, comme on couche avec une femme ". Quelle interprétation fallait-il donner à celle-ci? L'amour entre personnes de même sexe était donc considéré au même titre qu'un crime contre l'humanité : Le deuxième péché. Même l'inceste, tabou le plus médiatisé, se positionnait mieux [...].
On me scrutait, analysait ma façon de me tenir. Avais-je le couteau ou la fourchette dans la bonne main? Moi qui en Afrique avais toujours été classé du côté des "Blancs" donc des civilisés, ici j'étais un "sauvage" qui venait de débarquer.
A peine deux minutes d'arrêt pour permettre aux voyageurs de descendre et de monter. Impensable! J'étais fou de constater que la société d'ici était conditionnée par un rythme de vie robotisé. Tout était calculé et donc rien laissé au hasard. Pas de nonchalance en tout cas.