Extrait de More à Venise, suivi de Petit Testament
2.
En dépit des apparences nos mères
ne meurent pas, nous leur fermons les yeux
bien sûr mais du mouchoir de nos adieux
nous essuyons des deuils intérimaires
s’en est allée toute seule maman
par le chemin des névés sur les crêtes
comme elle avait pris la vie, vaillamment
sans dévoiler ses pensées très secrètes
ton corps ne pèse pas plus qu’un mauvais
souvenir à présent que tu es libre
et j’aimerai ton absence je vais
m’y appuyant chercher mon équilibre
aussi je parle aux fleurs de ton balcon
les pensées les jonquilles les jacinthes
la rose de Noël, à tes empreintes
dans la neige naguère au Grand Ballon
aux tourbillons de givre et de lumière
— non les mères vraiment ne meurent pas
nous leurs enfants nous arrivons derrière
il y a si peu d’espace entre nos pas.