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Citation de alzaia


La recherche silencieuse de ces expressions m'avait conduit tout droit vers des analyses politiques étonnantes, qui sûrement ne m'auraient jamais traversé l'esprit hors la prison. (...) Une des opérations les plus dangereuses que la dictature eût effectuée pour perpétuer sa domination se trouvait dans la langue nationale. Lentement, sans beaucoup d'ordres, ni de lois déclarées, je dirais en cachette, elle agissait depuis des années pour dépouiller le langage quotidien des mots qui touchent et dévoilent l'âme. Les discours pompeux du DIRIGEANT avaient envahi les uns après les autres les chansons, poèmes, les rédactions scolaires des enfants. Et c'était la voie la plus appropriée pour investir, sans attirer trop l'attention, les conversations entre parents et enfants, entres amants, entres amis. Leurs sentiments les plus personnels, la compassion, l'amour, la tristesse, leurs tourments les plus profonds. Tout ce qui fait de l'homme un homme deviendrait peu à peu muet. Et mourrait, comme meurent tard en automne les fleurs, de l'étiolement du soleil. Juste le temps de passer une génération à l 'autre et l'homme ne serait plus muni en lui-même des moyens nécessaires à l'épanouissement de ses sentiments. Ce serait l'homme nouveau. La catastrophe. On n'entendrait plus, tard dans la nuit, les voix désolées des femmes qui murmuraient dans le silence des petits appartements "s'il te plaît soit un peu plus rêveur!" Les voix des femmes seraient autoritaires, sévères : Fais ton autocritique je te dis!
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