(Erwin avance et découvre le Prince coincé dans la haie. Interloqué, il s'arrête)
PRINCE : Eh, qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ?
ERWIN : On se calme !
(Le Prince, indigné, se tait.)
ERWIN : Qu'est-ce que tu fais à traîner par ici ?
PRINCE : Je "ne traîne pas", si tu le permets. J'attends que les cent ans réglementaires se soient écoulés. D'après mes calculs, ça devrait être le cas dans vingt-six minutes quatorze secondes. Alors les épines disparaîtront d'elles-mêmes.
ERWIN : Cent ans ?
PRINCE : Oui, c'est la durée habituelle de ce genre d'enchantement !
ERWIN : Et dans vingt-six minutes quatorze secondes...
PRINCE : Vingt-cinq minutes et cinq secondes.
ERWIN : Dans une petite demi-heure donc...
PRINCE (morne) : ...alors le moment sera venu.
ERWIN : Tu n'as pas l'air très enthousiaste.
PRINCE : Enthousiaste...eh bien...L'enthousiasme n'est pas compris dans la formule. Mais qu'est-ce que tu veux, délivrer est le plus haut devoir d'un prince. C'est bien connu...
ERWIN : Devoir de prince ? Moi qui croyais qu'il n'y avait pas plus noble pour un prince que de délivrer une princesse ! Rien de plus beau que de partir en quête ! Titiller les dragons ! Vaincre les sorciers ! Se battre ! Se...
PRINCE : Oui, oui, c'est vrai tout ça... en principe... mais moi... Bon, et, en plus, ça fait un moment que je suis coincé ici. Et quand, tout à coup, on a du temps... des pensées viennent...
ERWIN : Quel genre de pensées ?
PRINCE : Eh bien... Je suis encore si jeune... je n'ai pas vu grand-chose du monde... alors, embrasser la première princesse venue ! Et si je l'embrasse, je dois l'épouser. Ca me fait peur ! On ne se connaît même pas ! En plus, ça fait cent ans qu'elle est couchée là. Tu te rends compte ? Ma mère dit que c'est une occasion à saisir...or, je ne suis pas prêt !