C.C. Hunter

Les yeux rivés sur son écran, elle entendit les ressorts du matelas de Miranda grincer quand celle-ci se retourna dans son lit pour au moins la millième fois. Manifestement, quelque chose empêchait la petite sorcière de trouver le sommeil. Avait-elle des soucis avec Perry ? Était-ce la raison pour laquelle il était de si mauvaise humeur ce matin-là ?Della n’avait pas le temps d’aller voir ce qui chagrinait son amie.

Et puis, entre son deuil pour Chan, les inquiétudes que lui avaient inspirées sa vision, les tensions avec sa famille et ses propres histoires de cœur… elle n’était pas la mieux placée pour résoudre les problèmes des autres. C’est alors qu’elle entendit la sorcière renifler tout doucement. Oh non ! Il ne s’agissait pas de n’importe qui. C’était Miranda. Elle n’aurait jamais laissé Della seule avec ses soucis, elle. Et puis, Burnett avait cinq minutes de retard, après tout. Tout doucement, elle sortit de sa chambre et alla frapper à la porte de la sorcière. – Entre ! murmura cette dernière d’une voix étouffée, indécise. – Je dois partir dans quelques minutes, mais… Qu’est-ce qui se passe ? Il y a quelque chose qui cloche ? Miranda se redressa dans son lit et replia les genoux sous son menton en apercevant Della. – Oui, mais je ne peux pas en parler. – Pourquoi pas ? demanda Della en s’approchant de son amie. – Parce que j’ai promis de ne rien dire. – Qu’est-ce qui t’a pris de faire une promesse pareille ? Je te rappelle qu’on se dit tout, Kylie, toi et moi. Certes, elle-même avait quelques secrets que ses amies ignoraient, mais plus pour très longtemps. Elle était bien décidée à tout leur expliquer. – Je sais mais… je ne peux pas, déclara Miranda avec un soupir tremblant. Della fit un pas de plus, la gorge nouée d’entendre une telle douleur dans la voix de son amie. ça me fait plaisir. – Des soucis avec Perry ? Si c’était le cas, elle se ferait un plaisir d’aller lui tirer les oreilles. En revanche, elle était mal placée pour donner des conseils à Miranda. C’était Kylie, l’experte en relations de couple. – Je ne peux pas en parler, répondit Miranda avec un sanglot. Cela voulait-il dire que c’était à cause de Perry ? Della sortit son téléphone pour regarder l’heure. Il était temps qu’elle y aille. – Tu veux que j’aille chercher Kylie ? Della savait pertinemment qu’elle n’était pas douée pour les confidences, mais cela lui faisait un peu mal que son amie refuse de lui dire ce qui n’allait pas. Miranda secoua la tête. – Non, dit-elle en essuyant ses larmes. En revanche, je veux bien un câlin. – Ça m’aurait étonnée, marmonna Della en s’asseyant à côté de son amie pour la prendre dans ses bras. La chaleur de Miranda lui rappela à quel point son propre corps était froid, ce qu’elle n’aimait pas du tout. Pourtant, au nom de l’amitié, elle alla même jusqu’à tapoter le dos de la sorcière d’un geste doux – quoiqu’un peu maladroit.

– Où tu vas ? demanda Miranda en s’écartant et en levant vers elle ses grands yeux verts. Della frotta ses paumes sur son jean. – On va enterrer Chan. – Oh ! Pardon, Della. Je suis là, à te réclamer des câlins, alors que c’est toi qui as le plus besoin de réconfort. Viens ! lança-t-elle en ouvrant les bras de nouveau. – Non, merci, ça va, dit Della en se relevant.