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Citation de Sesheta


La soirée était belle, quoique fraîche. Les membres de la famille de M. Hugo se réunirent dans un des petits salons du Château de Chasse, où ils furent joyeusement accueillis par le premier feu de cheminée de l’automne. Les bougies brûlaient déjà dans les candélabres aux quatre coins de la pièce. Les auditeurs prirent place les uns à côté des autres, s’apprêtant à écouter le récit du soir. Cependant, au lieu de commencer son histoire, Richard s’arrêta un instant devant le piano à queue de M. Hugo et en effleura quelques touches. L’air, qui sonna étranger, oui, en effet, si étranger qu’il ne ressemblait guère à de la musique européenne, suscita la curiosité. «Qu’est-ce que c’est?» s’écria M. Hugo. «Je n’ignore pas que tu as voyagé, Richard, et dans des pays lointains, peut-être même plus lointains que nous ne le pensons.»
«Cela me rappelle le début d’une mélodie», fut la réponse. «De toutes les aventures qui me sont arrivées, je n’en connais aucune qui m’ait laissé un souvenir aussi singulier que celle que j’ai eue, un jour, dans une grande ville maritime anglaise.»
«Viens ici ! Viens t’asseoir plus près, on t’entendra mieux. Une ville maritime anglaise? Une ville…»
Richard s’approcha. “Il m’y arrivait souvent”, commença-t-il, “d’emprunter une des plus belles promenades, qui devait son charme et son envoûtement aux multiples rangées de grands arbres. Tous les âges s’y réunissaient. La jeunesse se montrait parée de tout ce que la mode venait d’inventer de plus beau. Combien de personnes avenantes des deux sexes s’y étaient rencontrées pour la première fois, combien de liens s’y étaient noués! Une station thermale, approvisionnée en eau chaude et froide, aménagée pour l’usage matinal, non seulement était bénéfique pour la santé, mais contribuait également au plaisir tout au long de la journée; l’élégant Hôtel d’Asie, sur lequel débouchaient les longues allées de feuillus, accueillait aussi bien les voyageurs venus des environs que les habitants de la ville elle-même, quand, après avoir fait mille joyeux détours à l’ombre des arbres, ils souhaitaient profiter du repos qu’offraient les locaux de l’hostellerie.
Cette ville entretenait un commerce si intense avec des ports d’Asie, d’Amérique, d’Afrique et d’Europe qu’on pouvait la considérer comme faisant partie du monde entier plutôt que de l’Angleterre.
Les allées de la promenade dont il vient d’être question étaient bordées de sièges et de bancs en acajou où de jolis groupes de promeneurs s’assemblaient devant d’autres qui s’y reposaient. La vivacité et le charme de ces tableaux mobiles étaient parfois rehaussés par l’apparition d’un mendiant ou d’une mendiante, dont les guenilles grises ou marron foncé produisaient un contraste de la même nature que lorsqu’on voit les ombres appliquées avec du bistre ou de l’encre de Chine donner du relief aux fleurs bien dessinées et artistement lavées.

(p.7 à 10)
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