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Citation de Charybde2


Au bout d’une nuit passée à boire, nous prenions un petit déjeuner tardif à la Pancake Pantry ou au Bun & Yolk, avant de rentrer. À cette heure-là, la route n’était qu’un défilé intermittent de Jeeps sûres d’elles-mêmes, de breaks timides et de berlines hébétées – la migration des poivrots à l’heure de fermeture des bars. Quand nous n’arrivions pas à nous faire prendre à bord, nous marchions, et si aucune lune ne frémissait dans le ciel froid, nous pouvions carrément dériver loin de la route. Si aucune scierie ne vrombissait en signe de fraternité, telle une usine satanique planquée dans un trou brumeux, nous nous sentions profondément seuls. Nous pouvions alors être tourmentés par de vieux comptes à régler. La plupart du temps, cependant, nous nous faisions ramener, en principe par quelqu’un avec qui on avait picolé quelques heures plus tôt, par un ancien taulard à l’affût, par un type qui bossait près du campement, ou encore par le caissier de la supérette à qui on avait échangé le chèque de paie de la semaine contre de l’argent liquide, ou même par le contremaître de la scierie. Quant à ceux qui passaient sans s’arrêter – ces parents craintifs dans leur berline Chevrolet, ces tarés déguisés dans leur break vert citron -, nous nous demandions qui ils pouvaient être. Mais pas trop longtemps. Comme je le disais, ces routes étaient sombres, bien moins toutefois que l’imagination des gens qui les hantaient.
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