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Citation de VincentGloeckler


En face de la cathédrale de l'Amsterdam Avenue, une femme est contre un mur, la tête et une partie du buste dissimulés par un gros carton, d'pù dépassent ses pieds nus et sales. Les passants la regardent sans la voir, sans doute honteux de cette détresse impudique. Rien n'est plus obscène au monde que l'étalage du malheur. Des chaussures d'homme cirées de frais et sans lacets sont posées à côté du carton. A qui peuvent-elles bien appartenir? Je m'approche et lui laisse quelques dollars. "Thank you, may God be with you", dit-elle dans un anglais châtié, sans sortir de son abri. En m'éloignant, je pense que cette femme est peut-être une scientifique, une poète, qui un jour a fait un faux pas et qui n'a vu personne venir à son secours. Comme Sylvia Plath qui ouvrit le gaz et mit la tête dans son four, comme Alexandra Pizarnik qui fit une overdose de barbituriques, comme Alfonsina Storni qui s'enfonça dans l'Atlantique, comme Anne Sexton qui démarra le moteur de sa voiture dans le garage, s'assit et attendit la mort, comme Alina Reyes qui se coupa les veines dans une baignoire, comme Antonieta Rivas Mercado qui se tira une balle dans le coeur avec le pistolet de Vasconcelos à Notre-Dame de Paris, comme Virginia Woolf qui se noya dans l'Ouse en remplissant ses poches de pierres, comme Francesca Woodman qui sauta par la fenêtre d'un loft du Lower East side de Manhattan, comme la fille sans nom qui ingurgita du cyanure dans les toilettes d'un centre commercial de Santiago. Comme Violetta Parra qui se tira une balle dans la tête.
"I am awake in the place where women die".
(pp.57-58)
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