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Citation de Cannetille


La guerre, c’est la première constante. Faut voir le nombre de collages que j’ai fait rien qu’avec ce mot-là, plusieurs cahiers. Depuis que je suis sur Solak, j’en ai tellement lu, des histoires de guerre, parfois déjà finies quand je les découvrais, preuves et morts enterrés, qu’on dirait une grosse blague. Ça peut prendre une forme de bon gros génocide ou de petit conflit gentillet, ça se met des dentelles d’annexion ou ça se tricote des petites frappes, c’est propret quasi, à croire que personne crève derrière les italiques. Ça me prend des heures de découper propre les titres, les sous-titres, les légendes, de choisir quel mot je sacrifie au profit d’un autre, rapport au recto-verso qui me trempe dans des dilemmes terribles, de coller ça joli ensuite, d’en faire un beau montage de synonymes en petits et gros caractères. La deuxième aussi, j’en ai des pages et des pages alignées magnifiques, des déclinaisons typographiques à faire pâlir de jalousie un imprimeur. Cette constante-là, attention, je l’ai au garde-à-vous dans tous les caractères, toutes les formes, toutes les tailles. Le pouvoir. La bataille du pouvoir, l’obsession du pouvoir, la fascination du pouvoir. Les coups bas, les coups montés, les coups d’État. Une sacrée constante qui marche main dans la main avec sa grande copine la guerre, ça se fait même des politesses en veux-tu en voilà, ça tortille du cul, après toi, non vraiment je t’en prie, bon ben si c’est comme ça alors d’accord, j’y vais, je passe la première. Je sais pas si c’est parce que je suis très loin de tout ça maintenant, mais j’ai l’impression de voir tous les rouages qui perpétuent tranquille ces constantes avec une facilité écœurante et ça me rend pas les terriens plus sympathiques, ça non. Pour le pouvoir, y a rien de tel que de mettre en place une bonne dictature, si bien que j’ai dû en faire une partie spéciale à la fin du cahier parce que c’est un gros rouage quand même, alimenté par une multitude d’autres petits bien graissés et trop nombreux à découper mais quand même, c’est écrit dans le journal, ça revient toujours à un moment ou à un autre du côté de l’adoration du grand homme, alors qu’on n’a encore jamais vu de culte de la grande femme, à croire que les femmes sont nulles en dictature, pourtant elles sont souvent plus fines en rouages, comme quoi. En tout cas, ça m’asperge les yeux d’évidence tous ces maillons de la grande chaîne du pouvoir, les slogans et les images martelés, parce que la répétition ça compte énormément, c’est normal faut dire pour des constantes, c’est ça qui achève de forer une idée même coulante dans le cerveau des gens. Ensuite y a plus qu’à entretenir la machine au charbon de l’obéissance, souvent à grand renfort de religion mais pas que, et je dis ça alors que j’y crois moi au bon Dieu, autant qu’au diable en tout cas, mais faut reconnaître qu’un temple ou une église, ça rend docile pour pas cher.
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