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Citation de saihtam


"Rambo" démarre en trombe et nous filons le long des artères et des voies, au-delà des ponts et des tunnels, sur les avenues qui, telles d'énormes épines dorsales bordées d'arêtes, sont coupées des deux côtés par d'innombrables rues dont le flot de circulations alternées, croisées ou parallèles, dont le sillage jaune et rouge des phares sous la pluie, dont le rayonnement rouge et vert des feux de signalisation qui scintillent, ont ce rendement énergétique du pur geste artistique, s'étalant, se propageant, progressant comme dans ces peintures composées et exécutées vigoureusement au couteau, comme dans ces poèmes débités sur le papier et étalés d'un seul jet, comme dans cette musique improvisée dans l'instant et jouée spontanément au même moment. La densité des déplacements et des mouvements, la fluidité des actions et des impulsions, la rapidité des franchissements et des raccordements, ce rythme ponctué d'accélérations, de ralentissements et d'arrêts, tout ce va-et-vient incessant - quasi magnétique - dans un sens ou dans l'autre, mais aussi, selon le trafic, par des cheminements plus obliques, plus souterrains, parfois tangentiels, presque tortueux, m'apparaît à la manière d'un immense canevas scriptural, parfois forcément abstrait mais néanmoins énigmatique, comme si cette traversée en voiture sous la pluie avec "Rambo" revêtait soudain - au-delà de ma propre conscience - une forme d'initiation, de passage, de transition : la ville se découvrant enfin à moi de l'intérieur, je sens son pouls, ses pulsations, le battement de son cœur, dont la dilatation et le resserrement font écho au mien, bien que je ne parvienne pas encore à décrypter ce qu'elle m'inspire.
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