AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de tibibou


Extrait du chapitre 10 du tome I :
Aubin et Avelin donnèrent leur accord. Laissant les chevaux suffisamment loin, Aubin se glissa sur la droite et Aila sur la gauche, tandis qu’Avelin se positionnait en observateur prudent, mais prêt à intervenir. Elle dénombra cinq hommes de son côté et songea que ce serait tellement pratique si elle pouvait les tuer tous simultanément. Elle prit cinq flèches dans son carquois et, intensément, les observa dans sa main ouverte. Moqueuse, elle pensa : « Ce serait si simple s’il me suffisait de dire : filez, mes cinq flèches, droit dans le cœur de mes ennemis ! » Et ce fut ce qu’elles firent… Les flèches quittèrent sa paume et fondirent toutes les cinq vers les mercenaires qu’elles atteignirent en plein cœur. Ils s’effondrèrent. Aila était statufiée : « Mais comment ai-je fait cela ? Par les fées, mais comment j’ai fait cela ? » Elle entendit le signal d’attaque lancé par Avelin, mais, immobile, elle fixait sa main, revoyant les flèches filer toutes seules. « Je deviens folle… »
— Aila ! Viens ! cria Aubin.
Elle se secoua et, poussant un hurlement, fondit dans la bagarre.

Le combat était achevé depuis longtemps. Le groupe, enrichi de deux membres, avait décidé de dormir tassé dans la cabane qui leur fournirait au moins un abri pour une nuit dont l’obscurité noircissait la forêt. Aila leur apprit la mort de Bascetti, sans parler de sa lutte avec Tête, puis n’ouvrit plus la bouche de la soirée, s’esquivant même discrètement, alors que la conversation battait son plein. Enthousiastes, Barnais et Airin narraient à qui voulait les écouter leurs exploits et comment ils s’en étaient merveilleusement tirés pour un « vieux » et un « joli cœur », comme ils se décrivaient. Surpris par son absence, Aubin vint rejoindre sa sœur, dehors :
— Des soucis, Aila ? Cela ne s’est pas bien passé avec sire Hubert ?
— Si. Enfin, au départ, non. Après, cela a été mieux, même bien.
— Raconte-moi tes aventures. Parce que pour moi, à part ce soir, ce fut plutôt un calme plat !
— Tu sais, pas grand-chose : un…
Elle avait failli avouer un premier baiser, mais elle se retint ; elle n’avait pas envie d’en parler :
— … château, des robes de princesse, un bal, une demande en mariage. Tout ce qui fait la vie d’une femme, sans plus…
— Tu me fais marcher ?
— Non, pas du tout, j’ai vraiment traversé toutes ces épreuves !
— Et qui donc voulait t’épouser ? Dis-moi, ce fut un vrai coup de foudre !
— Et il s’est abattu sur ma vie ! Comme tu vois, j’ai résisté… Tout est pour le mieux…
Aubin, elle le devinait, n’en était pas convaincu :
— Tu en es sûre ?
— Oui, Aubin. J’ai vécu beaucoup de moments très intenses en un temps limité et, ce soir, je me sens un peu… lasse. Après une bonne nuit de sommeil, il n’y paraîtra plus.
— Bon, si tu le dis… Au fait, tu as fait comment pour tirer aussi vite tout à l’heure ? J’ai vu tomber au moins trois hommes simultanément et, au final, tu en as descendu cinq !
— Je ne sais pas. J’ai dû débuter une poignée de secondes avant toi. En tout cas, je te le promets, je ne me suis pas fabriqué un arc à plusieurs flèches !
Elle plaisanta avec Aubin qui lui jeta un dernier regard circonspect avant de se retirer. Et pourtant, elle n’avait pas envie de rire, elle avait effectivement tiré cinq flèches en même temps et se trouverait carrément dans l’incapacité de recommencer tout de suite, si on le lui demandait. Elle ignorait comment elle avait accompli cette prouesse. D’ailleurs était-ce bien elle qui l’avait réalisée ? Les yeux dans le vide, elle se recroquevilla, sa tête sur ses bras croisés, reposant eux-mêmes sur ses genoux. Elle demeurait dans cet état depuis un bon moment quand Hubert vint la rejoindre :
— Aila, où étiez-vous donc passée ? Je vous cherchais…
— J’avais besoin de calme. Désolée de vous avoir faussé compagnie, dit-elle.
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}