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Citation de gabrielleviszs


Sur les conseils de la camériste, Élina, précise et efficace, emmaillota rapidement un chignon dans une résille, tandis que quelques mèches, artificiellement folles, s’échappaient sur les côtés en boucles lâches et élégantes. Éléonore choisit cet instant pour entrer :
— Aila, venez vers moi… Vous êtes magnifique ! Je suis heureuse de voir que les tenues que j’ai retenues vous siéent à ravir ! J’avais raison de penser que vous valiez plus qu’une combattante. Il y a en vous plus de personnages que vous ne le croyez et peut-être certains dont vous ne vous doutez même pas… Vous ferez une promise tout à fait crédible pour Hubert.
Aila se raidit.
— Une quoi ?
Immédiatement, Éléonore saisit qu’elle avait commis une bévue et se mordit brièvement la lèvre.
— Je suis sincèrement désolée, je supposais que vous étiez dans la confidence…
— Sa promise !
D’un geste brusque, la jeune femme remonta sa robe, traversa la pièce en quelques enjambées et se présenta devant la chambre d’Hubert. Elle frappa pour la forme et ouvrit la porte avec fureur. Bouillant de colère, elle ne remarqua pas la surprise du prince quand il la découvrit, pas plus que les atours qu’il portait, dignes du rang qu’il tenait. Menaçante, elle avança vers lui, le forçant à reculer.
— Votre promise ! Je suis votre promise ! Quand pensiez-vous me mettre au courant ? Juste avant de descendre du carrosse à notre arrivée, vous m’auriez lâché ce petit détail de façon anodine !
— Aila, je vous en prie…
— Votre promise ! Non, mais je rêve… Vous passez trois jours sans m’adresser la parole, vous m’affamez parce que, habitué à votre confort, vous oubliez que la nourriture s’achète ! Je vous sers de poupée que vous faites habiller et coiffer pour plaire à un coureur patenté ! Mais si vous voulez le séduire, allez-y donc tout seul, je vous refile ma robe et mes souliers vernis, vous lui ferez les yeux doux et papillonnerez des paupières derrière la dentelle d’un éventail. Moi, je renonce !
— Aila, supplia Hubert une nouvelle fois.
— Taisez-vous, je n’ai pas fini. Depuis que je suis née, je n’ai jamais été qu’une ombre aux yeux de celui qui m’a donné la vie. Alors, ne pas exister, je connais cela par cœur. Mais vous ! Vous m’avez choisie pour vous accompagner, je n’ai rien demandé, moi ! Et sûrement pas d’être avec vous ! De tous ceux qui ont suivi le même chemin que moi, vous êtes le seul à ne pas m’avoir jugée digne de votre confiance et cela, je ne vous le pardonnerai jamais, vous entendez ! JAMAIS !
Hubert essaya de la retenir par le bras, mais, plus rapide que lui, elle s’échappa, retournant dans sa chambre. Il la rejoignit, tandis qu’elle s’asseyait devant son miroir, déjà occupée à défaire sa coiffure. Discrètement, Éléonore quitta la pièce avec sa camériste et Élina, refermant la porte derrière elles.
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