Voici le fruit d’une enquête de trois années. Trois années à parcourir les
salles de concert et s’incruster dans les loges, à courir après les attachés
de presse et les artistes pour les convaincre de nous, de vous parler de leur
philosophie de vie et de sa place dans leur carrière artistique. Si l’idée est
apparue quelque peu incongrue à certains, originale à beaucoup, impossible
à réaliser pour d’autres, elle nous paraissait, à nous, essentielle.
Même si ce n’est pas vindicatif, faire de la musique est une forme de résistance à l’esprit de consommation. Je différencie bien être exploité et être consommable. Le fait d’être exploité n’empêche pas une forme de dignité et d’avoir justement conscience d’être exploité. Le monde ouvrier, pertinemment, était fier de cette conscience et l’a revendiquée. Aujourd’hui, on peut dire avec une forme de cynisme qu’être consommable est devenu une manière d’être. Beaucoup plus grave car il n’y a plus de remise en question. Nous sommes exploités par un mode de pensée. Est-ce que les gens ont conscience qu’on ne remplit pas une vie en achetant tel ou tel écran plat? Que peut-on transmettre grâce à ça? Du vide, du consommable, de l’oubli.