Quand je suis de vous absente
Sincero, mon beau soleil,
Je n’ai rien qui me contente,
La nuit je perds le sommeil ;
Le jour je fuis la lumière ;
Et mes tristes yeux enclos
Prisonniers de la paupière,
Ne sont jamais en repos.
Je n’aime de la prairie
Le bel émail précieux,
Ni la campagne fleurie
Ne saurait plaire à mes yeux ;
Je suis tant mélancolique
Que les plus gracieux sons
Et la plus douce musique
M’ennuient de leurs chansons.
Je ne veux ouïr personne
Pour discourir ou parler ;
Je n’entends rien qui résonne,
Que ma plainte dedans l’air.
Mes compagnes qui s’ennuient
De mon amoureux émoi,
Toutes dépites s’enfuient
Et se retirent de moi.
…
Jamais on ne me voit rire,
Jamais on ne me voit chanter ;
Incessamment je soupire
Et ne fais que lamenter ;
Je n’ai bien, plaisir ni joie ;
Sincero, mon cher souci,
Jusqu’à ce que je vous vois,
Je serai toujours ainsi.