Un courriel m’avertissant d’un dîner de fête au bureau m’a sauvé de me préparer un lunch. La seule raison pour laquelle je m’y rends toujours. Pas question de manger en vitesse. Bonne fête mâchée au pepperoni. Sans plus. Je ne connais l’âge d’aucun de mes collègues. Deux ans. J’ai mangé une vingtaine de pizzas de fête. Pourtant rien. Facebook est plus pratique.
Je bois trop je laisse le temps à ma tête
de reprendre des forces
le corps seul pilote la pirogue
entre les autres buveurs
venu faire la même chose
il ne sert pourtant à rein
de boire l'eau de la mer
pour étancher sa soif
mais je suis fatigué
ne sais plus comment vivre
Et je me dis que la vie, c’est autre chose. Pas ce que je suis en train de faire. C’est manger. Cuisiner. Se servir un dernier verre à 5 heures du matin. S’acheter un pick-up et vendre tout le reste. Comprendre tout le retentissement qu’a l’amour qu’on a trouvé. Sourire un peu. Serrer ses poings dans le vide en inspirant l’odeur des choses qui se rendent jusqu’à nous. Surtout pas ce que je suis en train de faire. Et je dois m’asseoir sur un coussin maintenant en plus. Je pense plus à mon vélo qu’à mon grand-père
Tout lecteur lit, mais chacun le fait d’une manière qui lui est propre. Je vous accorderai pourtant qu’un bon roman n’attire pas autant de gens qu’une belle mélodie. Mais il en est toujours ainsi lorsque l’on compare une activité facile face à une autre qui elle ne s’atteint qu’avec le travail. La musique transmet plus facilement l’idée d’un sentiment, mais n’allez pas croire qu’on ira dresser le portrait d’une société en crise dans le répertoire musical d’une décennie troublée ! Ce n’est que dans la littérature que l’on retrouve les cicatrices des blessures du monde, qu’on y croise le passé plus honnêtement que dans les livres d’Histoire. Certes, la musique nous offre un sentiment facilement déchiffrable. Mais elle ne reste qu’en surface des émotions enfantines du bonheur et de la crainte, tandis que la littérature se lève et nous pointe du doigt avec précision l’image qui se dresse derrière ses mots.
En traversant la nuit, je rêvai ; tourmenté par mon sommeil. Me tenant au milieu d’une rue inconnue, dans une ville étrangère, j’étais lourdement épuisé. J'avais marché longtemps cette soirée-là, et je ne voulais pas m'asseoir par terre pour me reposer. Je cherchai donc un endroit encore ouvert dans cette ville qui semblait vide sans ses voitures et sans ses bruits, sinon celui du vent