AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de dourvach


[EXTRAIT DU DOSSIER DE PRESSE]
[…] A lire cette version intégrale, on vérifie ce que l'on savait déjà du "Journal" . Les événements du temps y figurent à peine (même dans les "Choses écrites pendant la guerre"), on n'y trouve ni portraits ni anecdotes (la présence d'autrui est réduite à la portion congrue) et guère de confidences: hormis les derniers moments de son père ou l'enterrement de son ami Fernand Chavannes, l'auteur choisit de taire ce qui le touche de près, si l'on en juge par les notes elliptiques sur son amour de 1907-1908 pour la jeune Valaisanne Ludivine. Quant à sa famille, il n'en est presque jamais question - à l'exception notable de "M. Paul" (son petit-fils Guido Olivieri), qui remplit le Journal des années 1940. Un portrait de l'homme se dessine néanmoins en filigrane à travers son goût déclaré pour la marche, sa sensibilité au retour du printemps et à tout ce qui éclôt, son amour du soleil et de la chaleur (même s'il est souvent malade en été), son désir inassouvi de l'Italie et sa détestation de l'Allemagne, son attirance pour la musique aussi bien que pour la peinture, ses nombreuses lectures (parmi lesquelles celle de Nietzsche dans l'original), son besoin de contemplation, sa recherche de la solitude et d'une vie réglée propices à l'écriture, le soin avec lequel il tient ses archives tout en se livrant à plusieurs autodafés de papiers. Et aussi son acharnement au travail, ses doutes incessants sur la valeur de ce qu'il fait (un de ses mots récurrents est "dégoût"), ses perpétuels soucis d'argent qui nourrissent une anxiété native, enfin son stoïcisme devant l'échec et la maladie résumé par la formule d'acceptation Amor fati. Mais c'est bien l'écrivain qui prend ici toute la place. Un écrivain volontariste, qu'on voit très tôt enfermé à sa table de travail et se servant de son Journal comme d'un espace pour réfléchir à ce qui lui importe par-dessus tout: la quête, qu'il pressent longue et n'entend pas forcer (car il croit au "génie de la patience"), d'un ton propre qui traduise sa vision du monde - "Ce magnifique grand style paysan dont j'ai tant rêvé" qu'il cite quelques mois avant sa mort. Une quête de soi qu'on suit à travers mille et un projets ébauchés, abandonnés et repris, parallèlement à l'œuvre publiée, remise sur le métier à chaque nouvelle édition ou traduction. Sa méthode de travail? Ecrire d'abord au crayon puis à l'encre, tout récrire sitôt après le premier jet, donner le texte à la copie et le corriger derechef, une ou plusieurs fois… Ce souci de la perfection explique le nombre d'inédits, achevés ou non, retrouvés dans ses archives. […]Un mot sur l'édition critique de ce Journal éclairé par une longue préface de Daniel Maggetti. Le manuscrit est restitué dans sa version première, avec indication des passages déjà publiés. Présenté par années, le texte est accompagné de deux types d'annotations: en pied de page figure tout ce qui est utile à sa compréhension, tandis que les variantes et notes génétiques sont reportées à la fin de chaque année. Deux lectures, directe ou savante, sont ainsi possibles. […]

Isabelle Martin, "Le Temps" (8.10.2005)
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}