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Citation de Talec0904


On trie parmi les pierres plates celles qui tiennent au creux de la main. C’est l’arme et c’est l’outil qu’on a choisi contre l’étendue verte qui vient fouir le sable avec des lapements de chien. Lapider la mer, c’est notre projet, mais d’une manière qu’on veut subtile. Les pierres doivent entamer le
reflet, rebondir sur la peau moite, écorcher par impacts, lacérer au plus loin sous la succession des ricochets.
On ne sait pas encore, on ne veut pas savoir, que la mer c’est le dessous de la surface. Comme le scribe, devant la page vierge, on ne connaît qu’un plan désert. On a les pieds sur le sable au plus près de la lame d’eau. Vit-on quelqu’un tenter des ricochets depuis le surplomb d’une digue, depuis le pont d’un bateau. Il s’agit de sonder l’océan dans l’infime épaisseur de sa peau ?on se plie, on cligne de l’œil, on cherche tout en bas l’horizon le plus proche .La main rase le sable en projetant le schiste aigu comme une lame de rabot. On voudrait de la mer faire gicler les copeaux, la désépaissir comme une planche sous la varlope. On verrait bien alors qu’en profondeur c’est la surface qui s’empile et se répète.
Mais au septième rebond, au dixième quand la main est parfaite, les ricochets s’arrêtent. La mer, à nouveau lisse, s’est refermée, vorace, sur le galet.
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