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Citation de Ombre256


Miller est nerveux, sans doute inquiet. Quand il se lève pour prendre congé, je lui adresse :
— Vous faites du bon travail, monsieur Miller. Essayez simplement de vous mettre un peu plus dans leurs chaussures. La question fondamentale est là : que pouvons-nous mettre en œuvre pour manger à notre faim sans risquer notre vie ? Je suis sûre que vous avez des réponses. Établissez de nouveaux plans et ne vous souciez pas de l’aspect matériel.
Il acquiesce et se dirige vers la sortie à présent. D’une main, je range mes dossiers dans le premier tiroir à ma droite. De l’autre, j’éteins méthodiquement la lampe d’appoint. Chaque fois que je fais ce geste, je sais qu’une journée est terminée et qu’elle ne reviendra pas. Ce soir, j’ai le sentiment d’avoir fait tout ce que je pouvais. C’est mon seul réconfort.
La lune est haute à l’extérieur. Ses rayons traversent la fenêtre et me permettent de quitter le bureau dans une douce pénombre. Il est vingt-deux heures passé. Je n’ai pas vu l’heure filer, mais qu’importe. Ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire.
Les traits tirés, je salue les gardes devant la porte avant de la fermer à clé. Je ne me demande pas où est Victoire, puisque je l’entends déjà approcher dans le couloir.
J’offre aux militaires :
— Prenez congé, messieurs.
La blonde dans mon dos me détaille du regard avant d’octroyer un signe de tête aux gardes. Dès que nous sommes seules, elle me dit doucement :
— Viens, tu as mérité ta lecture. Je veillerai à ce que tu te détendes vraiment ce soir.
— C’est gentil, mais j’ai envie d’être seule.
— Tu l'es toute la journée, Kate. Ça va te faire du bien, tu verras.
Sans se défaire de son sourire, elle entame la marche en direction des appartements. Je soupire discrètement. Son attention me touche. Je sais qu’elle tient à ce que j’emprunte l’un de ses romans depuis plusieurs jours. À vrai dire, j’oppose de la résistance, car je suis confuse. Nous nous voyons tout le jour durant, dans un cadre professionnel que j’essaie d'apprivoiser. En privé, c’est différent. Nous avons déjà passé des soirées ensemble. Notamment parce que Victoire prétendait vouloir veiller sur moi. Ça a toujours fini en grandes discussions agréables. Elle m’a appris beaucoup de choses sur son histoire et celle d’Ivy. J’aime ça et ça me fait culpabiliser. Depuis que je l’ai remarqué, j’ai été plus prudente. Je ne sais pas comment me comporter.
L’usine a été plutôt bien aménagée, avec des pôles publics sous surveillance, et des quartiers résidentiels. On les appelle ainsi bien qu’ils n’en soient pas réellement. En tout cas, avoir une pièce avec une porte qui se ferme et du mobilier personnel est un luxe aujourd’hui. Nous arrivons bientôt près de son espace. Victoire tourne la poignée après avoir déverrouillé le cadenas. Elle entre dans l’espace d’environ cinquante mètres carrés. Il y fait doux. J’y pénètre à pas feutrés. Jusqu’à présent, je n’étais pas venue chez elle.
Avec naturel, Victoire enlève sa veste et la jette sur un siège en rotin.
— Tiens, les livres sont ici, tu n’as qu’à choisir. Et comme je suis une bonne aide de camp, je vais aussi nous préparer quelque chose à manger. Tu n’as certainement rien dû avaler de la soirée. Je te connais, n’essaie même pas de discuter. »
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