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Citation de chgastou


En sortant du Sénat, Jeffrez Bïal aimait se promener dans le parc du Centenaire avant de regagner son domicile. La capitale de Janus, qui était en réalité la seule ville d’importance et portait de fait le même nom que sa planète, était située sur l’équateur et bénéficiait d’un climat idéal. Jeffrez Bïal appréciait tout particulièrement ces débuts d’été où les allées sinueuses du parc se perdaient entre les massifs de fleurs. Il aimait marcher doucement pour rompre radicalement avec les rythmes infernaux de la fourmilière inhumaine qu’était devenu le Sénat et ne manquait jamais de s’arrêter quelques minutes pour admirer la roseraie. Les fleurs natives de sa planète étaient certes belles, mais aucune ne pouvaient rivaliser olfactivement avec la délicatesse de ces splendides roses importées directement de la vieille Terre bien des années auparavant.

Penché au dessus d’une clôture ouvragée, il avait le nez plongé dans une rose orangée dont il guettait la floraison depuis plusieurs jours, lorsqu’il ressentit une douleur fugace dans l’épaule. Il envoya la main, furieux contre l’insecte qui avait dû s’introduire sous sa veste, mais n’acheva pas son geste.
— cible atteinte, murmura le tireur embusqué dans un bosquet, tout en rangeant soigneusement son arme dans une mallette.
Quelques instants plus tard, le corps inanimé était remonté à bord d’une navette légère qui avait plongé droit sur le parc dès la réception du signal.

Lorsqu’il reprit connaissance, le premier réflexe de Jeffrez Bïal fut d’essayer d’achever son geste et de se gratter l’omoplate. Mais il comprit bien vite que ses mains étaient entravées et dut cligner plusieurs fois des yeux pour éclaircir sa vision et avoir une petite idée de ce qui lui était arrivé. Entièrement peinte en blanc, la pièce lui fit penser à une chambre d’hôpital, à la grande différence qu’il n’était pas allongé sur un lit mais assis dans un fauteuil. Les bras, les jambes et la tête étroitement sanglés ne lui permettaient de faire aucun mouvement. Un homme vêtu d’un treillis noir barré de deux diagonales blanches, manifestement un soldat, se tenait debout face à lui.
— Que m’est-il arrivé ? Où suis-je ? articula péniblement Jeffrez Bïal.
Le soldat baissa son regard vers lui et sans prendre la peine de lui répondre, il fit demi-tour et sortit de la pièce. Quelques minutes plus tard, deux autres hommes également vêtus de noir, mais dans des uniformes firent leur entrée. Bïal supposa qu’ils étaient officiers. Le plus jeune des deux prit la parole :
— Vous voici enfin réveillé…
— Qui êtes-vous ?
— Je suis l’Estel, commandant de cette flotte et voici le Capitaine Prial, mon officier en charge de la sécurité.
— Depuis quand les spatiaux débarquent-ils sur des planètes pour y enlever un élu du peuple ?
— Et depuis quand les Janusiens élisent-ils sénateurs, des Frères du Temple ?
Paul avait parfaitement conscience de bluffer, mais l’espace d’un instant il vit de la surprise, puis de la peur sur le visage et dans les yeux de l’homme qui lui faisait face. « De la peur, mais pas de l’indignation ! », se redit-il à lui même…
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