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Citation de fanfan50


Ah, c’est l’enfer. Les textes sur lesquels on s’est aveuglé ne sont qu’un divertissement qui masquait l’essentiel, un écho de nos voix les plus secrètes. Oui, ces textes vous rattrapent et vous tuent. Là est leur royauté.
J’ai lu un livre un jour, dont je n’ose plus dire le titre. J’avais quatorze ans, c’était juste avant d’aller poursuivre ailleurs des études solides, au sens concret du terme. Je dormais avec, comme d’autres s’éveillent Bible en main, ou… Nécromicon. Lu et relu, il m’enfonçait chaque fois davantage dans l’inquiétude. Plus je me rapprochais de l’indicible dont il n’était, maintenant j’en suis sûr, qu’une des exhalaisons, moins je comprenais, dans une horreur des sens qui me tenait en alerte durant des nuits entières. A l’époque, je n’ai pas su nommer ce qui rattrapait le personnage central un beau jour, et ne le lâchait plus. Cela ne s’estompait pas, même quand la tête de Langlois s’envolait vers les étoiles, de la dynamite aux dents. Cet homme prenait son vent pour la tranquillité du rien, sans rien dénouer. Nommer son mal pourtant, c’eût été l’exorcisme, la petite prière des fous juste avant le dérapage. Mais non, il se taisait, je restais sur ma rive, en deçà de tous les ponts que j’ai construits par la suite, et qui ne m’ont pas aidé à sauter le pas.
Adeline un soir m’ôta le livre des mains, pour le relire ou le lire, je ne sais. Elle me le rendit sans un mot, avec un regard que j’ai cru méprisant. Elle me pesait, je suppose. Elle avait juste souligné, avec cette vigueur agressive qu’elle pouvait manifester certains jours, la phrase du Procureur du Roi : « Méfiez-vous de la vérité, Langlois, elle est vraie pour tout le monde ! », et j’avais refermé le livre avec une angoisse sourde, comme si j’avais, moi aussi, effleuré des vérités mauvaises à boire.
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