Christine Garnier

C'est l'engageante lecture de son originale table des matières qui a porté ma main vers cet inattendu petit ouvrage de Christine Garnier.

Son très riche sommaire y promettait, entre quelques autres petites confidences, de nous révéler le langage et les rites secrets des marins, de confesser l'institution des frites du jeudi, de larguer l'aussière de pointe, le traversier et de faire connaissance avec des femmes de marins ...

In fine, "Passerelle écoute !" se proposait de raconter "la marine d'aujourd'hui".

Enfin, la marine d'hier, puisque le livre est paru en 1962.

Malheureusement, c'était trop beau.

Dès la troisième page, le temps s'est gâté, l'imposture a semblé manifeste, le "gris-pont" s'est craquelé, une évidence s'est imposée :

le témoignage est de seconde main !

L'auteure n'est pas un marin.

Et alors ! Cela ne revêt aucun caractère de gravité.

Pour autant nul besoin d'appeler le "bidel", ni de sortir "la peau de bouc" !

Seulement, au fil de l'essai, les erreurs s'accumulent.

Et plus grave, l'esprit est trahi, la vérité semble ailleurs.

Christine Garnier risque par exemple de fâcher quelques officiers-mariniers si elle s'entête à vouloir coudre sur leurs épaulettes les galons rouges dévolus à l'équipage !

Le propos frise parfois le ridicule.

Est-elle bien réaliste cette cousine Édith à qui l'on écrit à chaque escale et à qui l'on ramène de charmants petits cadeaux ?

Le propos frise parfois le ridicule car l'auteure, après avoir posé une ou deux valises de-ci de-là sur quelques ponts gris et avoir cahin-caha entamé quelques discussions avec d'urbains officiers, croit pouvoir presque cracher au vent et parler comme un vieux matelot !

Seulement, cela sonne faux.

Et ce n'est pas en invoquant Claude Farrère et la dernière de ses petites alliées, ce n'est pas en recouvrant le tout d'un romantisme suranné, ce n'est pas en passant la porte d'un bistrot du Mourillon, ce n'est pas en retrouvant l'ancienne graphie de l'aussière que le propos sonne plus juste.

L'appareillage est manqué !

Là, il faut appeler le "bidel" et sortir "la peau de bouc" ...

"Le Noir, dit l'auteur dans un chapitre liminaire n'existe pas en tant qu'individu, il est, avant tout, membre d'un groupe, d'une communauté. Ses actes n'ont de valeur qu'en fonction de leurs répercussions sur la collectivité. Par exemple il peut tuer pour obéir à certaines lois de sa religion".

L'auteur est une voyageuse expérimentée et intrépide. Son récit foisonne de précisions et de traits ethnographiques réellement observés. Chaque page donne des détailks vécus et vivants qui éclairent d'un jour original la mentalité africaine.



L'aventure commence pour Daniel, 17 ans, compagnon de Luc, administrateur territorial en Sanaga (Cameroun). La Secte Secrète des "Voleurs de Morts" est active dans la région; un indigène de la suite des Blancs est assassiné; on découvre son cadavre dont le coeur et le foie ont été arrachés. C'est un crime signé par les "Voleurs de Morts". Un juge, un médecin enquêtent. Suspense. L'intérêt ne faillit pas un instant.