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Citation de AuroraeLibri


Charles V avait adopté des pratiques intellectuelles et politiques qui porteraient pleinement leur fruit au moment de la Renaissance, un siècle plus tard : l'attachement particulier aux livres; les commandes de traduction d'oeuvres en langue vulgaire; la recherche de l'érudition au service de la morale plus qu'à celui de la spéculation théologique; la consolidation du territoire, le développement d'une administration centralisée et laique -les choix vers lesquels penche Christine dessinent l'avenir. Si elle reste un auteur médiéval, aussi bien dans sa mentalité que dans son style, elle explore, de fait, maints aspects de l'humanisme naissant. Ses origines italiennes la mettent en bonne position pour apprécier les apports culturels transalpins, cruciaux pour le renouveau; le Chemin de long estude est d'ailleurs le premier texte français auquel la Divine Comédie de Dante a servi de prototype. Christine n'a pas encore le sentiment typiquement humaniste de pouvoir dépasser ses prédécesseurs, de se servir du passé pour faire mieux, mais ses écrits refondent et réorientent incontestablement leurs sources : Boccace dans la Cité des dames, Valère Maxime dans Le Livre du corps de Policie, Végèce dans Le Livre des faits d'armes et de chevalerie, sont, non seulement repris, mais réencadrés, réenvisagés. On ne peut pas non plus attribuer à Christine la conviction "renaissante" que le monde fourmille de possibilités, et que le plaisir et le privilège de l'homme le poussent à les exploiter; elle demeure toujours consciente des contraintes que Dieu, et la Nature, imposent aux hommes- et que les hommes imposent aux femmes. Pourtant ses ouvrages la représentent souvent dans l'acte de découvrir, d'apprendre : dans La Mutacion de Fortune, un voyage au château de dame Fortune donne lieu à un examen de cette allégorie, et par là même, de la question capitale de l'influence que l'être humain peut exercer sur son propre destin. (...) Mais le meilleur exemple de la curiosité de Christine, de sa soif de science, demeure sans doute l'ouvrage que nous présentons ici. Le Chemin fait parcourir le monde à son héroine, offrant à son regard les merveilles des villes et des campagnes, des peuples exotiques et de leurs richesses. Tout le voyage se fait dans le désir de savoir. Christine, en 1402, nous fait penser à ces explorateurs du siècle suivant, qui rentraient chez eux avec des spécimens étonnants cueillis dans des pays lointains- sauf que ses collections à elle ne consistent pas en objets, mais en connaissances uniquement. Les plus beaux trésors, ainsi qu'elle ne cesse de le répéter.
Préface
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